Les nuits fauves
TV On The Radio Nine types of light (2011, Interscope)
Pour débuter cette nouvelle année que je vous souhaite belle et musicale, je reviendrai ici sur le dernier opus en date d’un groupe dont j’ai déjà eu l’occasion de vanter les immenses mérites à plusieurs reprises dans ces pages, j’ai nommé les fantastiques TV On The Radio. Ceux qui ont l’habitude de lire ma prose savent en effet certainement que je place le quintet de Brooklyn parmi les deux ou trois groupes les plus passionnants apparus depuis le début de ce siècle.
Les trois ans séparant ce Nine types of light de son (mirobolant) prédécesseur ont vu les membres du groupe largement s’égailler dans des aventures artistiques diverses et variées. Kyp Malone et David Sitek s’impliquèrent ainsi dans différents projets musicaux chacun de son côté tandis que Tunde Adebimpe renouait avec son ancien métier d’acteur. Nine types of light figurerait donc presque un disque de retrouvailles et on peut se demander si ceci lui a conféré son atmosphère étonnamment paisible – à l’échelle de TV On The Radio s’entend.
A vrai dire, l’écoute de Nine types of light s’avère en premier lieu légèrement déroutante puisque ce disque semble marquer un arrêt de la trajectoire ascendante suivie par le groupe depuis Desperate youth, blood thirsty babes. Trois albums durant, TV On The Radio fascinait par sa faculté à se redéfinir constamment, semblant chercher à aller toujours plus loin, à explorer toujours plus avant les recoins d’un univers sonore beau et chaotique, porté par une dynamique impressionnante. Avec Nine types of light, c’est comme si le groupe s’accordait un temps de pause, laissait de côté l’exploration pour davantage de contemplation. Après avoir conquis les sommets les plus abrupts, TV On The Radio s’attarde sur de majestueux hauts plateaux, moins vertigineux mais ouvrant au regard des paysages somptueux.
Un peu plus en paix avec lui-même, le groupe refuse pourtant toute idée de reddition ou de facilité. TV On The Radio demeure ainsi capable de salutaires coups de sang, comme ce tonitruant No future shock ou le secoué Caffeinated consciousness terminal. On ne pourra également que rester pantois devant un morceau mutant comme New cannonball blues, sorte de funk Frankenstein, sur lequel un ensemble de cuivres semble danser au bord d’un gouffre fumant. Ces tonalités funk se retrouvent aussi sur l’introductif Second song, rehaussant de rouge et de jaune les tonalités pastel du morceau. Une atmosphère plus contemplative flotte néanmoins sur une bonne partie des morceaux de l’album, comme sur le scintillant et romantique Will do ou le stellaire Forgotten. Dans ses moments les plus (faussement) calmes, TV On The Radio conserve cependant une allure de félin, une grâce fauve qui irradie le moindre de ses mouvements et il n’est qu’à écouter le superbe You pour s’en convaincre.
Nine types of light semble avoir suscité un certain scepticisme chez certains fans du groupe, lui reprochant apparemment d’être moins aventureux que ses prédécesseurs. Si on ne le placera pas forcément à leur hauteur dans nos classements intimes, il constitue une pièce de plus du fascinant puzzle musical élaboré par le groupe depuis ses débuts. Plutôt qu’une baisse de régime, on y verra plutôt un pas de côté, un changement d’approche confirmant l’intelligence des New Yorkais dans l’art de se réinventer.
Peu de temps après la sortie de l’album, le bassiste Gerard Smith est malheureusement décédé d’un cancer du poumon à l’âge de 36 ans.
3 réponses
[…] belle, aventureuse et abrasive. TV On The Radio a publié cette année son quatrième album studio, Nine types of light, que je n’ai pas encore pris le temps d’écouter. On aura également appris avec […]
[…] entamée la nouvelle décennie. Sur leur album le plus apaisé et lumineux jusqu’à lors, Nine types of light, les Américains plaçaient ce « Will do » fauve et romantique, ouvert et brûlant. TV On The […]
[…] ce blog, puis Dear science en 2008. Comme je l’indiquai plus haut, le nouvel opus du groupe, Nine types of light est paru cette année mais je ne l’ai pas encore écouté. Ça […]