La science du risque
TV On The Radio Dear science (2008, Touch & Go / 4AD)
Après avoir négocié en casses-cous virtuoses le virage souvent risqué du deuxième album, leur fantastique Return to Cookie Mountain relevant avec panache le gant lancé par leur brillant Desperate youth, blood thirsty babes de 2004, les TV On The Radio confirmaient avec ce formidable Dear science leur position de pointe sur l’échiquier musical de ce début de siècle.
Le quintette new-yorkais démontre le long des onze titres de ce disque bouillonnant son impressionnante capacité à se renouveler sans subir la moindre baisse d’inspiration. Nul besoin pour le groupe de chercher à révolutionner son langage, il lui suffit ici de s’appuyer sur la force tellurique de sa musique pour se positionner comme un fascinant élément perturbateur.
Sur ce Dear science prodigieux, TV On The Radio laisse quelque peu de côté les couches de guitares saturées qui irradiaient ses deux principaux opus et leur donnaient leur imposante compacité. Le groupe se tourne vers d’autres sons et d’autres instrumentations et sort des cartons des cordes, des cuivres et des vents qu’il fusionne dans un envoûtant magma. Aucune impression de fourre-tout néanmoins mais bien la vision d’un groupe en totale maîtrise, sachant s’approprier différents styles avec un égal talent. La production savante de David Sitek et les chants expressifs de Kyp Malone et Tunde Adebimpe demeurent eux les jouissives constantes d’un univers en perpétuelle évolution.
Si le disque s’ouvre par un titre pour le coup parfaitement dans la lignée des opus précédents du groupe – le percutant Halfway home – TV On The Radio se plaît ensuite à s’emparer de différents idiomes, des guitares funk de Crying à la soul en fusion de Golden age en passant par le hip-hop démembré et infusé de free-jazz de Dancing choose. TV On The Radio fait également entrer davantage d’espace dans sa musique pour délivrer ses titres les plus bouleversants comme ce Family tree beau à pleurer ou l’extraordinaire crescendo stellaire de Love dog, à rendre jaloux le Radiohead en lévitation de Kid A. On accordera également plus qu’une mention au génialissime DLZ, sorte de blues du troisième millénaire duquel sourd un détonant mélange de menace et de beauté.
En alignant un troisième album capable de surpasser encore le niveau déjà incroyable des deux premiers opus, TV On The Radio outrepassait également nos attentes. Ce groupe nous offre surtout la chance d’assister ébahi à la construction d’une œuvre de premier plan, exigeante et belle, aventureuse et abrasive. TV On The Radio a publié cette année son quatrième album studio, Nine types of light, que je n’ai pas encore pris le temps d’écouter. On aura également appris avec tristesse le décès du bassiste du groupe au printemps, Gerard Smith, décédé d’un cancer du poumon à l’âge de 36 ans.
2 réponses
[…] trois ans séparant ce Nine types of light de son (mirobolant) prédécesseur ont vu les membres du groupe largement s’égailler dans des aventures artistiques diverses et […]
[…] Cookie Mountain en 2006 et dont j’ai déjà eu l’occasion de parler dans ce blog, puis Dear science en 2008. Comme je l’indiquai plus haut, le nouvel opus du groupe, Nine types of light est […]