Les diamantaires
The Coral Roots & echoes (2007, Deltasonic)
Ce début d’année est décidément propice au retour vers quelques valeurs sûres. Après TV On The Radio, il sera aujourd’hui question d’un autre de mes petits préférés du moments, les brillantissimes Anglais de The Coral.
Drôle de parcours en tous cas que celui de ce sextet de Liverpool : à la sortie de son bouillonnant premier opus en 2002, le groupe est présenté par sa presse nationale comme le nouveau sauveur de la pop anglaise, suscitant le buzz et faisant la une des gazettes. Puis, au gré de l’arrivée sur le devant de la scène de nouveaux groupes plus sexy, plus bravaches ou plus sulfureux (Franz Ferdinand, The Libertines, Arctic Monkeys…), The Coral va progressivement sortir du halo des projecteurs tandis que sa musique ne cessera de briller plus intensément.
Après The invisible invasion, The Coral manque pourtant de rendre les armes. Au bord du split, le groupe prend finalement le temps de se reconstruire, sous le patronage admiratif de Noel Gallagher d’Oasis qui leur prêtera son studio pour l’enregistrement de cet album. Désireux de retrouver davantage d’authenticité, The Coral fait corps, s’équipe d’instruments vintage et entreprend d’enregistrer dans des conditions proches d’une jam session, à la recherche de ces fameuses “roots” évoquées dans le titre du disque. Le résultat est tout bonnement miraculeux.
The Coral reprend tous les ingrédients déjà utilisés sur son précédent opus mais réussit l’impensable exploit d’en surpasser le résultat. On retrouve donc la grâce mélodique, les harmonies lumineuses, ce mélange fluide et élégant de classicisme et d’humilité qui permettent à The Coral de se hisser à hauteur de quelques unes de ses plus illustres références, des La’s (auxquels on pense souvent – peut-être davantage pour l’évidence des chansons que pour la ressemblance stylistique) aux Byrds. La troupe des frères Skelly apparaît ici maîtresse de son art comme jamais, et parvient à aligner avec une facilité bluffante des pop-songs à graver dans les annales. Que dire ainsi de ce prodigieux brelan abattu en deuxième moitié d’album : le céleste Cobwebs droit sorti des rêves les plus fous des Byrds eux-mêmes (quel pont mes amis !), le bouleversant Rebecca you à rendre jaloux les pourtant remarquables Last Shadow Puppets ou le plus que précieux She’s got a reason, sur lequel le groupe fait courir sous de merveilleuses frondaisons un souffle d’air qui à la fois rafraîchit et fait frissonner ? Que dire aussi de l’ahurissant Jacqueline, dont l’évidence rendrait coi le plus bavard des idiots, forcé de se prosterner devant tant de grâce? The Coral n’oublie pas par ailleurs d’emballer quelques morceaux joliment enlevés comme à son époque de chien fou, mais sachant cette fois dompter sa fougue sans en perdre la séduction (Who’s gonna find me, In the rain). On retiendra également les teintes doorsiennes prises par le groupe sur une poignée de morceaux, le menaçant Fireflies et le terminal Music at night qui s’étire en fin d’album entre chien et loup.
Avec Roots & echoes, The Coral signe donc un véritable chef-d’œuvre de diamantaires pop, un classique intemporel qui vient sublimer des qualités déjà largement démontrées sur ses disques précédents. Le groupe continue depuis son (lumineux) bonhomme de chemin, son dernier album en date, Butterfly house (2010) poursuivant sur cette même veine.
2 réponses
[…] quelques tourments internes, le groupe réussira à encore élever son ahurissant niveau de jeu sur Roots and echoes (2007). Leur dernier opus Butterfly house est paru l’an dernier et je n’ai pas encore […]
[…] sur la scène actuelle. 2007 les verra encore monter d’un cran dans le merveilleux avec Roots and echoes. Le dernier opus en date du groupe, Butterfly house, est paru l’an dernier. On reparlera […]