Les violons de l’automne

Benjamin Biolay Rose Kennedy (2001, Virgin)

Alors que je viens de découvrir ébahi son dernier album en date, le magnifique Trash yéyé (2007) , j’ai eu envie de revenir aujourd’hui sur le premier opus du garçon. J’avoue avoir longtemps peiné à apprécier ce disque que l’on m’avait offert. Le non-chant chuchoté de Biolay m’indisposait plus qu’autre chose (comme une fade imitation du phrasé gainsbourien) et j’avais remisé sans regrets cet album à la lettre B de ma discothèque, lettre qui m’offrait par ailleurs plus que son lot de cimes musicales imprenables et de chefs-d’œuvre impérissables. Je crois que c’est Los Angeles qui m’a peu à peu ramené vers ce disque. Sur ce titre grandiose, porté par le souffle glorieux de trompettes en majesté, Biolay faisait défiler en cinémascope une Californie rêvée, à la fois brûlante et vénéneuse. Une fois franchi cette porte dorée, le reste de l’album allait s’ouvrir à moi pour me dévoiler ses charmes automnaux.

Benjamin Biolay confirme ici les talents d’arrangeur classieux qu’avaient révélés ses collaborations multiples (et variées, de l’Affaire Louis Trio à Henri Salvador en passant par Keren Ann et Isabelle Boulay (!) ) . De somptueux débordements de cordes en fines ballades ourlées, Biolay livre quatorze instantanés autour de la famille Kennedy, le tout dans une atmosphère de fin d’automne. Novembre toute l’année dit ainsi la première chanson, et on retrouve ces teintes mordorées tout du long de l’album. Des couleurs fauves des Cerfs-volants à la lumière pâlissante de La palmeraie, Biolay tisse un canevas extrêmement cohérent, rehaussé par les reliefs impressionnants de Rose Kennedy ou le conclusif La dernière heure du dernier jour, tombant comme un déluge pour recouvrir toutes les blessures portées par le disque. Même si cet album pêche ça et là par quelques longueurs et quelques maniérismes, il permet de donner une toute autre image de son auteur que celle qui l’escorte parfois (bobo romantique et péteux pour résumer) .

Je n’ai jusque là jamais pu en revanche accrocher au disque suivant, ce Négatif paru en 2003. Peut-être qu’un jour… Je reviendrai par contre certainement à l’occasion sur le génial Trash yéyé.

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