L’anguille
Eels Souljacker (Dreamworks, 2001)
Avant toutes choses et sans originalité, je tiens comme le veulent la tradition et la civilité à adresser mes meilleurs vœux à tous ceux qui m’ont fait le plaisir de venir visiter ces pages que j’essaie d’alimenter tant bien que mal depuis déjà mars dernier. Mes vœux vont également à tous ceux qui viendront ou reviendront ici en 2008, en espérant qu’ils y trouveront du plaisir, des informations, des choses à découvrir peut-être, voire des choses à aimer.
Après les plaies et les bosses affichées sur le brinquebalant Electroshock blues de 1998, Eels commençait par sortir la tête de l’eau avec un disque plus pop et ensoleillé, Daisies of the galaxy (2000) . Un an après, Mark Oliver Everett (alias E), l’alpha et l’oméga de ce groupe qu’il utilise comme un faux-nez, revenait avec ce Souljacker.
Sur cet album, Eels alterne encore une fois le chaud et le froid, morceaux atrabilaires et pépites pop-rock. C’est un E mal peigné et hirsute (cf. pochette) qui s’avance dès l’introductif Dog faced boy, morceau teigneux joué toutes guitares dehors et arborant ces paroles menaçantes: “You little punks think you own this town / But someday someone’s gonna bring you down” . Malgré ses penchants misanthropes qui le font intituler un morceau World of shit, E s’adjoint ici le soutien du plus fidèle homme de main de l’immense PJ Harvey, le grand John Parish, qui vient apporter son savoir-faire. Cependant, la sauce ne prend pas à tous les coups et certains morceaux finissent en eau de boudin comme le biscornu That’s not really funny ou le laborieux Souljacker part II. Le disque contient néanmoins son lot de très bons morceaux tel le majestueux et grave Woman driving, man sleeping, le lumineux Fresh feeling baigné d’un halo de cordes ou l’enjoué Friendly ghost. On retiendra aussi la ballade désabusée World of shit ou Teenage witch, morceau sur lequel E confirme sa faculté à tapisser l’arrière-plan de ses morceaux de trouvailles sonores et mélodiques, faculté qui le rapproche à certains moments du Beck des années 1990.
Au final, ce disque constitue une pierre supplémentaire de l’étonnant édifice bâti disque après disque par ce drôle de personnage, édifice de bric et de broc, à la fois austère et lumineux, tenant autant de l’atelier du carrossier que de la serre du jardinier, entre vieilles tôles rouillées et fleurs fragiles.
1 réponse
[…] uns d’entre eux dans ces pages et je renverrai déjà immodestement à ma chronique de son Souljacker de 2001 publiée […]