Les rois soleils
Concrete Knives Be your own king (2012, Bella Union)
Voici un des disques les plus enthousiasmants qu’il m’ait été donné d’écouter ces derniers mois, et il est l’œuvre d’un quintet normand. Emmenés par Nicolas Delahaye et l’épatante chanteuse Morgane Colas, les Concrete Knives se font remarquer avec leur premier EP, You can’t blame the youth, qui leur vaudra notamment une invitation au Festival des Inrocks. Suite à une de leurs prestations scéniques, le groupe est repéré par Simon Raymonde, tête pensante du label en pointe dans le monde de l’indie-rock, Bella Union (Beach House, Midlake, Fleet Foxes entre autres), qui s’empresse de les faire signer pour ce premier album paru l’an dernier.
There was a time, when we did know how to be fine / We sing it out, we sing it out to every doubt / You feel disgrace, you need to catch me with escapes / Some things get out, some things get out we don’t know how
Bornholmer
Si on reconnaîtra bien volontiers n’avoir pas eu si souvent l’habitude de voir un groupe français s’aventurer avec autant de bonheur et de culot sur ces territoires musicaux, on se gardera bien de réduire les Concrete Knives au rang de brillante exception nationale. Les Concrete Knives sont juste un groupe formidable livrant avec Be your own king un épatant premier album de pop sans collier, à la joie et à l’énergie contagieuses.
In your minds, in your minds / They’re just playing with our wings
Happy Mondays
Ce qu’on aime ici, ce sont ces mélodies à la séduction immédiate, ces airs à siffler sous la douche qui vous illuminent une journée et vous feront dodeliner de la tête du matin jusqu’au soir. Ce qu’on aime ici, c’est aussi cet étonnant mélange d’espièglerie et de puissance, cette façon de faire corps avec la musique comme une bande de gamins unis, chantant à pleins poumons et tapant à cœur fendre sur les tables pour accompagner leurs mélopées. Quand les Concrete Knives entonnent en chœur les extraordinaires Greyhound racing ou Wild gun man, on a l’impression d’assister à la rencontre entre les Papas Fritas et Arcade Fire, entre innocence enfantine et goût pour les détonations. Et c’est peu dire qu’on en redemande et qu’on aime à se faire proprement transporter par cette impressionnante dynamique.
Mama said, let the boy ! / You have to go, shine on !
Brand new start
Be your own king démarre au quart de tour avec un carré de chansons pétulantes en forme de carré d’as : entre la comète introductive Bornholmer et le fantastique Wallpaper, les Concrete Knives enchaînent un Happy mondays à faire se damner les Clap Your Hands Say Yeah (pour lesquels le quintet normand avoue une réelle admiration) et un Brand new start élastique et diabolique, comme du Vampire Weekend en moins cérébral. Concrete Knives a l’intelligence de ménager l’auditeur en lui offrant quelques plages plus calmes mais non moins remarquables, comme ce Africanize qui évoque lui aussi Vampire Weekend ou ce Roller boogie aérien, à vous faire danser au milieu des nuages un sourire béat sur la face. Greyhound racing et Wild gun man figurent ensuite à mon sens les climax du disque, qui vient ensuite se conclure par un Truth tout en ondulation sexy et un Blessed bien-nommé, qui semble célébrer la fin d’une communion et donner rendez-vous pour de prochaines libations, un prochain partage.
En dix chansons et à peine plus d’une demi-heure, les Concrete Knives auront fait souffler sur vos vies un vent joyeusement décoiffant et verser une dose d’euphorie bienvenue dans votre café matinal ou dans votre tisane vespérale. Il paraît que leurs concerts feraient le même effet…
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