Les trésors invisibles
The Coral The invisible invasion (2005, Epic)
Après avoir récemment mis à l’honneur les formidables Anglais de The Coral, il m’a semblé judicieux de remettre à jour le billet que j’avais consacré en janvier 2008 à leur quatrième album, le génial The invisible invasion. Il s’agira donc aujourd’hui d’un billet [reloaded] : vacances = moindre effort.
Avec The Coral(2002), le groupe surgissait toutes voiles dehors, cherchant à faire rentrer des dizaines de pistes à la fois dans chacune de ses chansons. L’auditeur était alors happé par un formidable carrousel des plus roboratifs. Avec Magic and medicine (2003), The Coral commençait à resserrer le propos, domptant quelque peu la fougue de sa prime jeunesse sans la brider pour un résultat toujours brillant. Après un intermède paru dans la foulée de ce deuxième album, le brut de décoffrage Nightfreak and the sons of Becker, le groupe allait encore s’élever d’un niveau avec cet épatant The invisible invasion (2005).
Aidé par la production aux petits oignons des deux génies de Portishead, Geoff Barrow et Adrian Utley, The Coral touche ici à une sorte de quintessence de son art, canalisant au mieux son inventivité mélodique et la parant d’une élégance digne des plus belles heures de la pop anglaise. The Coral reste cependant moins que jamais un groupe anglo-centré. Skelly et sa bande ouvrent leur inspiration aux quatre vents, allant chercher l’excellence mélodique des grands groupes West Coast américains (des Byrds à Love) et n’hésitant pas à parcourir les grands espaces avec leur accent de lads de Liverpool. Chaque idée vient ici s’imbriquer parfaitement au grand tout, sans jamais nuire à la cohérence et à l’équilibre des morceaux, l’ensemble nimbé d’un voile de mélancolie tendu par la voix grave et profonde de James Skelly. Le groupe joue compact derrière son leader et cet esprit de corps rajoute une touche d’humilité classieuse du meilleur effet.
Parmi les nombreux sommets de ce disque remarquable, on trouve d’abord l’étincelant So long ago, qui réunit Byrds et La’s pour un banquet au sommet. L’extraordinaire A warning to the curious vient confirmer que The Coral sait bâtir les plus merveilleux ponts du rock anglais actuel, d’une prestance et d’une élégance sans pareilles. Impossible également de rester de marbre devant l’admirable In the morning et sa mélodie irrésistible, que tout groupe pop rêverait de composer un jour. Le groupe ne se contente pas de briller mais touche aussi au cœur avec des ballades miraculeuses de grâce mélancolique, comme Late afternoon, Far from the crowd ou le magnifique Leaving today que parcourt un souffle tragique d’une beauté bouleversante.
Sans esbroufe ni pose, The Coral continue depuis de construire une œuvre étincelante qui ne trouve malheureusement que trop peu d’écho public de ce côté-ci de la Manche. Malgré quelques tourments internes, le groupe réussira à encore élever son ahurissant niveau de jeu sur Roots and echoes (2007). Leur dernier opus Butterfly house est paru l’an dernier et je n’ai pas encore eu l’occasion d’y jeter l’oreille (honte à moi…).
2 réponses
[…] fruit d’une semaine de sessions. Puis, en 2005, le groupe commence à toucher au sublime avec The invisible invasion, qui fait rutiler des merveilles pop sans grand équivalent sur la scène actuelle. 2007 les verra […]
[…] The invisible invasion, The Coral manque pourtant de rendre les armes. Au bord du split, le groupe prend finalement le […]