Baumes et sortilèges
The Coral Magic & medicine (2003, Epic)
Il n’aura pas fallu longtemps aux six gandins de The Coral pour remettre l’ouvrage sur le métier. Moins d’un an après la sortie de leur remarquable et remarqué premier opus, les tout jeunes Liverpudliens confirmaient avec ce deuxième effort tout aussi brillant que son prédécesseur qu’ils étaient bien faits d’un bois à part.
J’avoue avoir eu tendance à légèrement déprécier ce deuxième album en comparaison d’un premier disque tout feu tout flamme, bordélique mais diablement attachant. Me pencher de nouveau sur cette matière vive m’aura permis de réviser mon jugement et d’attribuer quelques galons supplémentaires à ce Magic & medicine dans mon petit Panthéon personnel.
Là où The Coral déboulait bille en tête, alignant dix idées par morceau en refusant de s’en tenir à une seule, Magic & medicine présente assurément un visage plus mature. Davantage maître de son style et de ses envies, The Coral revendique encore plus clairement ses influences 60’s-70’s. Le groupe s’abreuve à la source de la pop anglaise haut de gamme comme au nectar du psychédélisme pop-rock américain, Byrds en tête. Mais là où tant de groupes à peine pubères ânonnent poussivement leur catéchisme pop et ressassent des mélodies usées jusqu’au trognon, The Coral affiche une vitalité et une inventivité sidérantes, jouant cette musique comme si personne ne l’avait fait avec eux. On retrouve chez James Skelly et sa bande quelque chose de la splendeur héroïque des divins La’s, autres Liverpudliens de génie. The Coral aura lui pu échapper au destin météorique de ses illustres devanciers, construisant avec sa rigueur d’artisan éclairé une œuvre qui ne cesse de gagner en ampleur.
Sur ce Magic & medicine, l’auditeur aura l’occasion de s’incliner humblement devant la grâce lumineuse des mélodies de Liezah ou Pass it on. The Coral n’abandonne pas pour autant la verve pétaradante de son premier album. Il lui donne au contraire un cadre plus strict qui lui confère une puissance nouvelle. Les démons du rythm and blues s’emparent ainsi des trépidants Talkin’ gypsy market blues et Bill McCai avant de venir embraser la coda du terminal Confessions of A.D.D.D. Impossible aussi de passer sous silence le formidable Don’t think you’re the first qui nous transporte dans un paysage morriconien, où le vent aride du désert vient cingler nos visages.
Empli de baumes et de sortilèges musicaux, ce Magic & medicine pose un deuxième jalon rutilant dans une discographie aujourd’hui sertie de nombreuses perles.
2 réponses
[…] L’auditeur était alors happé par un formidable carrousel des plus roboratifs. Avec Magic and medicine (2003), The Coral commençait à resserrer le propos, domptant quelque peu la fougue de sa prime […]
[…] fall ». Fort prolifiques, les six gamins de Liverpool font paraître dès 2003 un deuxième opus, Magic and medicine, sans doute plus cohérent mais que j’aime un peu moins. En 2004, The Coral publie […]