Les bons numéros
The Magic Numbers The Magic Numbers (2005, Heavenly Records)
Débarqué à Londres de son Trinidad natal au mitan des années 1990, Romeo Stodart trouve très vite en son voisin Sean Gannon un comparse partageant avec lui l’ambition de former un groupe pop. Après plusieurs tentatives sous différentes identités, le duo s’aperçoit finalement que les pièces manquantes de son puzzle se trouvent juste sous son nez. Chacun recrute alors sa propre soeur pour monter un quatuor on ne peut plus paritaire. On est en 2002 et les Magic Numbers commencent bientôt à se produire sur les scènes londoniennes. Ils s’attirent peu à peu une audience grandissante et finissent pas signer chez le label Heavenly Records pour faire paraître ce premier album éponyme à l’été 2005.
How many times must I stumble in drunk / Before you scold me / Why is it you have to turn out all the lights / Before you hold me
The mule
Après les Mamas & Papas (dont ils partagent les rondeurs vocales et charnelles) et ABBA, les Magic Numbers ne jurent que par les mélodies cristallines, les harmonies vocales, les guitares carillonnantes et les mots doux-amers qui font les ingrédients d’une pop réussie. Les Magic Numbers se fichent bien de la hype ou de paraître modernes, ils se contentent de jouer la musique qu’ils aiment, sans fioritures, ancrés dans une tradition intemporelle de charmants artisans. Alors certes, on pourra justement leur reprocher de faire preuve d’une déférence un brin appuyée envers les grands maîtres, et de laisser passer quelques titres trop bien peignés pour pouvoir décoiffer. Mais s’il est clair que les Magic Numbers ne révolutionneront rien, les compositions de Romeo Stodart parviennent le plus souvent à convaincre et émouvoir, et l’on se retrouve à les chantonner, tantôt le cœur en joie, tantôt le cœur en peine.
Through the gates of life she left / Through the years I’ve wept / Lying face down in the ground / I can’t hold you now
This love
On appréciera les faux airs Motown de l’entraînant Long legs ou les déhanchements lascifs de l’imparable Love’s a game. Un Love me like you survitaminé masque ses tourments amoureux sous une mélodie power-pop radieuse tandis que l’introductif Mornings eleven dévoile une construction plus complexe qu’elle n’en a l’air en même temps qu’il place quelques gimmicks charmants – comme ces notes de banjo qui égayent l’arrière-plan. Sur The mule, Stodart montre même qu’il peut sortir (gentiment) ses griffes, un riff rugueux soutenant une drôle d’architecture en escalier. Le sommet du disque restera néanmoins ce somptueux This love, ses tendres arpèges introductifs, le chant tout en suavité de Stodart et le contrepoint de sa sœur Michele, et son envolée de cordes qui nous essore le cœur juste comme il faut. Un morceau à garder précieusement tout près de sa poitrine.
Maybe I’m a fool / For walking in line / Maybe I should try to lead this time
Love’s a game
Avec ce premier album, les Magic Numbers réunissaient une fort plaisante collection de petites perles pop, suffisamment bien mises pour satisfaire l’amateur. Et si le groupe passa relativement inaperçu de ce côté-ci de la Manche, il recueillit un joli succès en Grande-Bretagne. Les Magic Numbers ont depuis sorti deux autres albums, dont j’avoue ne rien connaître : Those the brokes en 2006 et The runaway en 2010.