Les démons de minuit
The Kills Midnight boom (2008, Domino)
Après deux premiers albums lui ayant conféré une place de choix au sein du paysage rock contemporain, on attendait avec une certaine impatience la suite des aventures discographiques du duo le plus sexy de la planète. Si le résultat nous parut de prime abord quelque peu décevant, eu égard aux hauteurs précédemment foulées par le groupe, ce Midnight boom mérite bien son lot de louanges.
Avec cet album paru en 2008, les Kills démontraient leur capacité à surprendre sans pour autant se renier. Trop intelligent pour se contenter de reproduire au papier carbone les traits charbonneux et sauvages de ses précédents opus, le groupe choisit d’apporter davantage de couleurs à sa palette musicale. Les Kills s’appuient pour ce faire sur les fondations posées sur leurs précédents travaux, notamment sur certains titres de No wow (cf. The good ones) qui mettaient déjà en lumière l’inclination du groupe pour les rythmes dansants. Le groupe pénètre plus avant dans les clubs plutôt que de continuer d’arpenter les trottoirs interlopes des nuits urbaines. Le fauve rugissant du sombre No wow semble s’accorder un peu de détente, mais ses griffes peuvent ressortir à tout moment.
Le disque s’ouvre sur un U.R.A. fever au papier de verre, qui cède vite la place au groove moite de Cheap and cheerful, évoquant l’électro-punk salace de Peaches. S’ensuit l’élastique et impeccable Tape song tout de sauvagerie retenue puis le groupe s’offre une première récréation avec le bancal Getting down. Celui-ci cède la place au formidable Last day of magic, qui nous emporte dans une sorte de fête foraine sous acide, les guitares électriques tournoyant et percutant comme des autos tamponneuses. On retrouvera cette même impression sur l’épatant What New York used to be placé en fin d’album. Les Kills n’abandonnent pas pour autant la sécheresse rageuse de leurs débuts avec le tonitruant Hook and line et nous gratifient d’une somptueuse ballade emplie de papillons noirs, ce Black balloon diapré et ondoyant. On passera plus volontiers sur M.E.X.I.C.O. ou Alphabet pony, morceaux moins réussis sans être pour autant déplaisants. En toute fin d’album, et comme à son habitude, le groupe dépose les armes et livre le velvetien Goodnight bad morning, ballade élégiaque pour guitare et voix.
On a craint quelque peu depuis pour l’avenir du duo, Alison Mosshart s’embringuant dans l’aventure Dead Weather avec le génial Jack White, tandis que Jamie Hince accédait aux unes des gazettes du fait de sa relation avec Kate Moss. Il semble que le groupe soit en train de préparer son quatrième album. Ces deux-là semblent en tout cas suffisamment intelligents pour éviter les pièges que leur statut de parfaites icônes rock pourrait semer sur leur route. Wait and see…
5 réponses
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[…] assez représentative des différents atouts musicaux du groupe puisque 3 titres sont extraits de Midnight boom et 1 de Blood […]
[…] fumants laissant d’indélébiles traces incandescentes. L’aventure se poursuivra avec Midnight boom dont je reparlerai ici […]
[…] deux autres albums depuis, le fantastique No wow en2005, et le plus pop(mais toujours très bon) Midnight boom en 2008. Malgré une foultitude de projets parallèles dont le plus célèbre demeure la […]
[…] la fulgurance sauvage de leurs deux premiers opus, ils confirment après le très convaincant Midnight boom que leur volonté affirmée de s’inscrire dans la durée – à l’instar de […]