Un coup fumant
The Kills No wow (2005, Domino)
Deux ans après leur remarquable et remarqué premier album, le duo le plus sexy de la planète rock remettait le couvert en 2005 avec ce toujours excellent No wow, passant sans coup férir la souvent périlleuse épreuve du deuxième album.
The Kills adoptent ici la bonne vieille recette giscardienne du changement dans la continuité et ça reste du tonnerre. Le groupe conserve sa marque de fabrique, duo furieusement autarcique délivrant un punk-blues efflanqué et élégant, porté par le chant farouche de VV (Alison Mosshart) et les riffs épileptiques de Hotel (Jamie Hince), une boîte à rythmes étique mais implacable constituant la charpente de l’ensemble. Cependant, les Kills ne restent pas les deux pieds coincés dans le même sabot, refusant de reproduire à l’identique la formule gagnante de leur premier opus. Les morceaux se font moins hypnotiques et la boîte à rythmes dérive lentement mais sûrement vers des sonorités disco ou électro, le résultat s’approchant parfois des déflagrations électro-punk de Peaches. Après leur folle cavale traversant la nuit urbaine du premier album, le duo s’arrête pour profiter des néons de la grande ville, sans perdre une once de sa lascivité sauvage.
Le groupe a l’intelligence de placer d’entrée une bombe incendiaire dévastatrice avec le formidable No wow, morceau digne des plus beaux éclats de PJ Harvey. Alors que la guitare d’Hotel éructe et convulse en arrière-plan, VV se fait maitresse femme bien décidée à en découdre avec son amant: “You’re gonna have to walk over my dead body / Before you walk out that door”. Rarement aura-t-on écouté pareille définition musicale du concept de félinité. Après ce détonnant incipit, Love is a deserter confirme la voie plus dansante empruntée par les Kills avec ses rythmiques discoïdes puis Dead road 7 arrive en rampant, blues marécageux et menaçant remarquablement incarné par la fascinante VV. The good ones rallume les lumières de la piste pour un électro-rock sans fioritures puis le groupe s’offre une première ballade languide avec I hate the way you love, pt 2. The Kills dégaine encore quelques cartouches explosives ébouriffantes avec notamment les monstrueux Murdermile et Sweet cloud, traçant une voie quelque part entre ESG et PJ Harvey. On retiendra aussi le superbe Rodeo town, sur lequel VV se fait chanteuse de saloon perdu, avant que le disque ne s’achève sur l’évanescent Ticket man et son leitmotiv au piano.
Avec ce deuxième album pleinement réussi, les Kills confirmaient leur place à part et leur importance au sein de la scène rock contemporaine, leurs coups fumants laissant d’indélébiles traces incandescentes. L’aventure se poursuivra avec Midnight boom dont je reparlerai ici incessamment.
4 réponses
[…] discographie du groupe. Malgré la supériorité évidente à mes yeux de Keep on your mean side et No wow, cette playlist s’avère en fait assez représentative des différents atouts musicaux du […]
[…] Kills ont fait paraître deux autres albums depuis, le fantastique No wow en2005, et le plus pop(mais toujours très bon) Midnight boom en 2008. Malgré une foultitude de […]
[…] faire sur les fondations posées sur leurs précédents travaux, notamment sur certains titres de No wow (cf. « The good ones ») qui mettaient déjà en lumière l’inclination du groupe pour les […]
[…] délaissant le goudron fumant de premiers albums braseros (Keep on your mean side et No wow) pour une rock and roll attitude de papier glacé. C’était sans compter sur la flamme et […]