Branchez les guitares !
The Strokes First impressions of earth (2006, RCA/Sony)
Après ces quelques jours d’interruption, pourquoi ne pas reprendre les choses où je les avais laissées en allant jeter une oreille sur la suite des aventures discographiques des Strokes ? Trois ans après Room on fire, on se demandait un peu si les New-yorkais sauraient encore nous intéresser à leur musique et conserver leur touche distinctive, d’autant que leur deuxième opus, malgré toutes ses qualités, campait quand même un cran en-dessous de leur fracassant Is this it? de 2001. La réponse est oui, mille fois oui, le groupe parvenant à surpasser ses précédentes réalisations.
Comme le dit si bien Johanna Seban des Inrocks, les Strokes livrent ici “la somme de [leurs deux précédents albums] avec trois fois plus d’enceintes dans le salon”. Pas de révolution ici, le groupe conserve sa faculté de délivrer des mélodies imparables baignées dans un torrent de guitares carillonnantes, mais semble atteindre l’acmé de sa formule. Les Strokes finissent ainsi par incarner une sorte de paroxysme du groupe de rock à guitares, tirant la quintessence d’un genre pourtant mille fois ressassé et infligeant à cette musique de si habiles caresses qu’elle en retrouve toute sa verdeur. Les deux guitaristes Valensi et Hammond irriguent la plupart de ces morceaux d’une sève de guitares formidablement roborative tandis que Casablancas n’en finit plus de (dé)chanter avec une coolitude innée dans la voix.
Les Strokes enquillent donc les titres de haute volée, plaçant la barre très haut dès l’introductif You only live once, morceau qui nous donne envie de chanter, crier et danser peu importe l’heure et l’endroit. Avec Juicebox, le groupe démontre encore sa formidable maîtrise de la vitesse et des accélérations puis Heart in a cage et Razorblade nous comblent de leurs guirlandes d’arpèges imparables. Avec le génialissime On the other side, les Strokes font danser leurs six-cordes tandis que Casablancas égrène des paroles à tomber (“I hate them all/I hate them all/I hate myself for hating them/So I’ll drink some more/I’ll love them all/I’ll drink then even more/I’ll hate them even more than I did before” ) . Par la suite, on retiendra surtout l’étonnant Ask me anything, sur lequel le groupe coupe ses guitares pour nous offrir une très remarquable ballade noctambule sous le haut patronage de Lou Reed. Difficile aussi de passer sous silence l’éclatant Ize of the world qui résume à lui seul le génie du groupe à son meilleur et on mentionnera aussi l’amusant plantage de 15 minutes, drôle de chant de marin braillard qui fait quelque peu tâche dans le tableau mais qu’on apprécie quand même.
A l’écoute de cette réussite (presque) totale, on aura la confirmation que les Strokes ne sont pas un simple phénomène de mode mais un très grand groupe contemporain, et on ira le sourire aux lèvres réenclencher le bouton “play” de notre chaîne hifi pour se trémousser et chanter à tue-tête.
2 réponses
[…] Franz Ferdinand, Kings of Leon, etc. J’ai déjà écrit dans ces pages sur les épisodes 2 et 3 de la discographie des Strokes, et même sur l’album solo de Julian Casablancas. Je […]
[…] Pas de plantage honteux pour les Strokes non, loin de là (à la différence des Franz Ferdinand par exemple) mais un album vite fait, bien fait, auquel manque un peu du charme de son racé prédécesseur. Les Strokes démontraient qu’ils avaient le talent pour confirmer la brillance de leurs premiers pas, et la suite en sera la preuve éclatante avec le génial First impressions of earth. […]