Blues de blanc
The Black Keys Rubber factory (2004, Fat Possum)
Duo composé d’un batteur et d’un guitariste/chanteur, jouant un blues-rock garage électrisé et électrisant. A cette définition sommaire, beaucoup répondraient les White Stripes et beaucoup auraient raison. Sauf que répondre les Black Keys conviendrait tout aussi bien. A l’instar du duo multi-platiné Jack & Meg White, Dan Auerbach et Patrick Carney plongent eux aussi leurs mains et leurs cerveaux à la source bluesy du rock, faisant surgir de leur base industrielle d’Akron, Ohio (capitale du pneu) des morceaux brûlants semblant avoir été enregistrés dans les années 1950 par un vieux bluesman noir, mais avec du matériel du XXIe siècle.
Rubber factory est le troisième album du groupe, après The big come up paru en 2002 et Thickfreakness en 2003. Vu ce rythme stakhanoviste, on se doute que les Black Keys ne sont pas du genre à conceptualiser trois ans sur le rendu d’une note ou la teinte d’un couplet. Le groupe balance ses morceaux dans l’urgence, semblant les extirper chauffés à blanc de ses forges diaboliques. Les Black Keys font dans le blues tripal, livrant une tripotée de chansons méchantes, possédées, portées par la voix rauque et la guitare aux accents hendrixiens de Dan Auerbach.
Au-delà de cet aspect « primitif », Auerbach sait cependant trousser d’épatantes mélodies furieuses et accrocheuses. Parmi les treize titres de l’album, on retiendra d’abord l’introductif When the lights go out et son intro de batterie rampante et menaçante. Impossible aussi de passer sous silence le fantastique et sauvage Couldn’t tie me down, qui passe comme un ouragan sur nos oreilles ravies. Le groupe sait aussi se faire plus caressant avec le languide The lengths, qui semble joué sur une guitare slide rouillée. Mention enfin à la cavalcade fiévreuse de Keep me et à la puissance du terminal Till I get my way.
Je n’ai pas eu l’occasion d’écouter d’autres albums du groupe, qui a depuis fait paraître Magic potion en 2006 et Attack & release l’an dernier. A la différence des White Stripes, le groupe n’a pas pu – pour le moment – compter sur un tube dévastateur comme Seven nation army pour sortir de l’anonymat. Son blues-rock moite et revêche mérite cependant qu’on s’y attarde.
1 réponse
[…] un penchant pour les mélodies pop. Au gré de leurs albums successifs (dont l’abrasif Rubber factory dont il fut déjà question ici), les Black Keys allaient progressivement fondre dans le métal […]