Champagne
Tahiti 80 Activiy center (2008, Barclay)
Voici un disque parfait pour la saison, frais et ensoleillé, gorgé de mélodies fruitées et d’arrangements radieux. Groupe rouennais formé au mitan des années 1990, les Tahiti 80 vérifient l’adage disant que nul n’est prophète en son pays. Alors qu’il exerce par chez nous dans un anonymat complet, le groupe jouit d’une belle notoriété à l’étranger et notamment au Japon. N’étant pas toujours beaucoup plus à l’affût que mes contemporains, j’avoue être moi aussi passé à côté de leurs trois précédents albums et ne connaître d’eux avant ce disque qu’une reprise réussie du formidable A love from outer space d’AR Kane.
Ne connaissant pour ainsi dire rien de leur production habituelle, je me contenterai donc d’évoquer la qualité de cet opus sorti en fin d’année dernière. Bénéficiant des moyens conséquents que leur procurent leur statut de “Big in Japan”, le groupe touche ici une épatante martingale pop, alignant douze chansons rutilantes parmi lesquelles on dénombre facilement une demie-douzaine de tubes en platine. Nourris de références haut de gamme qui pourraient être écrasantes (Beatles, Kinks, Beach Boys, Motown…) , Xavier Boyer et ses trois acolytes se révèlent aussi légers que des bulles de champagne, et tout aussi euphorisants.
Difficile ainsi de résister à l’orgue entraînant d’Unpredictable ou de ne pas dodeliner du chef sur le charmant All around. Difficile aussi de ne pas descendre de la Kangoo pour aller entamer sur le bas-côté une danse absurde et libératrice à l’écoute du génial Come around, porté par ses cuivres en fusion. Brazil ou Dream on sont aussi des morceaux qui nous font aimer l’été, les pieds dans l’eau sur une plage ombragée. Le disque se clôt en coucher de soleil mélancolique avec le très beau Ear to the ground. La voix de Xavier Boyer, qui rappelle celle de Joe Pernice (avec moins de profondeur de champ néanmoins) apporte d’ailleurs sur la longueur de l’album un contrepoint doux-amer à la rutilance des mélodies. On regrettera juste que le son soit justement parfois un peu trop léché, un peu trop propre pour faire basculer ce disque dans une autre dimension où campent les prestigieux modèles du combo.
Pas question cependant de bouder mon plaisir et ce disque constitue une des bandes-sons de mon été. J’arrive d’ailleurs difficilement à comprendre comment la France peut passer à côté d’une telle machine à tubes et préférer les gros sabots d’un groupe comme Superbus. La pop-music reste à mon sens toujours largement étrangère à la culture musicale de ce pays. Foin de ces considérations, les amateurs (et moi avec) pourront aller redécouvrir la discographie de ces fringants Normands avec dans l’ordre Puzzle (2000) , Wallpaper for the soul (2003) et Fosbury (2005) .