En quatrième vitesse
The Strokes Room on fire (2003, RCA)
Deux ans après le coup de tonnerre de Is this it? qui contribua de façon décisive au “retour du rock” (du moins pour ceux qui le croyaient parti), on était curieux de savoir si les Strokes allaient franchir l’écueil toujours redoutable du deuxième album. Autant le dire d’emblée, si ce Room on fire manque d’un “je ne sais quoi” l’empêchant de se hisser à la hauteur de son révéré prédécesseur, peut-être juste du charme des premières fois, on ne saurait pour autant affirmer que les New-yorkais se prennent ici les pieds dans le tapis toujours glissant de la confirmation.
A l’attaque de ce tournant souvent périlleux (et parfois mortel), les Strokes choisissent de creuser le même sillon, celui d’un rock flambeur et flamboyant, tout hérissé d’électricité conquérante. Julian Casablancas continue ainsi de poser son chant d’une élégance nonchalante sur les arpèges dévalés à tombeau ouvert par Nick Valensi et Albert Hammond Jr et les Strokes se placent toujours en héritiers arty de tout un pan de l’histoire du rock new-yorkais, de Lou Reed à Television.
Le disque s’ouvre par une phrase à contre-pied de leur réputation de poseurs: “I wanna be forgotten / And I don’t wanna be reminded” sur un What ever happened? un peu trop gueulard pour séduire vraiment. Au-delà de cette déclaration d’intention, le groupe ne manque pourtant pas d’arguments pour marquer les mémoires, à commencer par l’ébouriffant Reptilia, cavalcade démoniaque exécutée en quatrième vitesse et laissant l’auditeur essoufflé et transi. Les Strokes s’offrent aussi quelques pas de côté, insufflant une drôle de rythmique reggae à leurs mélodies urbaines sur les très réussis Automatic stop et Between love and hate. La fibre pop du groupe ressort de façon très efficace sur l’imparable (quoique un peu ramenard) The end has no end et le disque se clôt sur un rock classique bardé d’un riff clair et percutant avec I can’t win.
Pas de plantage honteux pour les Strokes non, loin de là (à la différence des Franz Ferdinand par exemple) mais un album vite fait, bien fait, auquel manque un peu du charme de son racé prédécesseur. Les Strokes démontraient qu’ils avaient le talent pour confirmer la brillance de leurs premiers pas, et la suite en sera la preuve éclatante avec le génial First impressions of earth.
3 réponses
[…] Franz Ferdinand, Kings of Leon, etc. J’ai déjà écrit dans ces pages sur les épisodes 2 et 3 de la discographie des Strokes, et même sur l’album solo de Julian Casablancas. Je […]
[…] allant jeter une oreille sur la suite des aventures discographiques des Strokes? Trois ans après Room on fire, on se demandait un peu si les New-yorkais sauraient encore nous intéresser à leur musique et […]
[…] Franz Ferdinand, Kings of Leon, etc. J’ai déjà écrit dans ces pages sur les épisodes 2 et 3 de la discographie des Strokes, et même sur l’album solo de Julian Casablancas. Je […]