Haute tension
dEUs The ideal crash (1999, Universal)
dEUs se forme en 1991 à Anvers, Belgique, autour de Tom Barman et de Stefan Kamil Carlens. D’abord groupe de reprises, dEUs développe peu à peu son propre répertoire qu’il va jouer sur les scènes londoniennes. Des prestations remarquées lui valent de signer sur le label Island qui publie leur premier album en 1994, Worst case scenario. Deux disques plus tard, Carlens s’en va poursuivre ses propres aventures en fondant Zita Swoon, et le groupe se recentre alors autour de Tom Barman et du guitariste écossais Craig Ward. C’est dans cette configuration que le groupe fait paraître cet explosif album en 1999.
Ce qui impressionne en premier lieu sur ce disque fauve et brûlant, c’est l’incroyable tension qui semble sourdre de chaque note, de chaque morceau. Cette tension irradie les titres les plus électrisants, les bombes au souffle dévastateur que sont Put the freaks up front ou le vertigineux The ideal crash. Elle habite les méandres tortueux de l’impressionnant Let’s see who goes down first. Elle navigue près de la surface de l’étale One advice, space et s’insinue également derrière la magnifique voûte céleste déployée devant nos oreilles ébahies par le lumineux The magic hour.
A l’instar de Sonic Youth, dEUs mêle dans son chaudron fumant le goût des mélodies accrocheuses et les tentations avant-gardistes. Le groupe se révèle également orfèvre en arrangements finement ourlés, faisant souffler sur le tempétueux Put the freaks up front des cuivres chauffés à blanc et ouvrant de-ci de-là de somptueuses clairières de cordes en majesté. Il serait surtout incongru de passer sous silence le sommet escarpé de l’album, ce monumental Instant street, qui commence tel une ballade orageuse ourlée d’arpèges de banjo et dont l’incroyable final en orage cosmique nous laisse pantois à chaque écoute.
Il faudra sept ans à dEUs pour donner suite à ce coup fumant, avec le mésestimé Pocket revolution (2006) . Le groupe a fait paraître cette année un nouvel opus, Vantage point.