Patrick Watson Close to paradise (2006, Secret City Records)
Voici le disque qui, depuis une dizaine de jours, squatte ma platine en dictateur, ne laissant que des miettes à ses petits camarades, Fleet Foxes inclus.
Si Patrick Watson est effectivement l’homme de base et le principal songwriter de cet album, son patronyme cache derrière lui un véritable groupe, quatuor fondé en 2002 dont le premier opus était paru en 2005, sous le titre Just another ordinary day, mais je ne sais même pas si cet album est arrivé jusqu’à nos côtes. Originaire du Canada, comme beaucoup de musiciens passionnants ces dernières années (et je ne parle pas de Garou…) , Patrick Watson distille ici un véritable philtre magique, emportant l’auditeur près des plus belles cîmes, au bonheur des plus beaux vertiges ascensionnels. Patrick Watson mêle ici pop, folk, musique de chambre, relents jazzy et soupçons d’electronica avec une grâce et une science de l’équilibre digne des plus grands funambules. Si on rajoute à ce cocktail capiteux une voix capable d’aller chercher des noises au défunt Jeff Buckley, on aura une petite idée des sommets atteints ici.
Difficile de trouver un seul temps faible sur cet album majestueux (Giver peut-être… et encore! ) . L’introductif Close to paradise, en plus de porter merveilleusement son titre, évoque d’emblée le meilleur Coldplay à la puissance cinq. Sur Daydreamer, le groupe bâtit devant nos yeux ébahis une incroyable cathédrale de cristal, dont chaque flèche scintille de mille feux et dans laquelle on jure avoir vu voler quelques fées. Slip into your skin vient ensuite, achevant de mettre à bas toutes nos barrières en provoquant une belle érection de notre système pileux. Après ce triplé de haute volée, l’album continue de dérouler ses merveilles sans ciller. Watson se fait ainsi retors sur le tourneboulant Weight of the world, évoquant le carrousel malade du méconnu Jeremy Enigk. The storm fait souffler la brise et la tempête puis Mr Tom apporte une respiration étincelante, rappelant la grâce et la pureté de Satie. Sur Luscious life, Watson se pare du lyrisme fiévreux de Buckley fils. Drifters n’aurait pas dépareillé sur le dernier album de PJ Harvey, chaque note de cette chanson semblant faire vibrer chaque atome d’air autour de soi. The great escape révèle que Watson est aussi beau dans son plus simple appareil et Sleeping beauty nous fait visiter un somptueux royaume subaquatique. Le disque se clôt en beauté (évidemment) avec le cool et élégant Bright shiny lights, point final d’une aventure de la plus belle eau.
L’auditeur pantelant réclame alors son reste et repart pour un tour.
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