Folk sister
Laura Veirs Saltbreakers (2007, Nonesuch/Warner)
Originaire du Colorado, Laura Veirs se découvre une passion pour le folk et la country à sa sortie de l’université, où elle étudiait le chinois et la géologie. En 1999, après avoir migré vers Seattle, la demoiselle entre dans la carrière en faisant paraître un premier album auto-produit, Laura Veirs, puis un second en 2001 The triumphs and travails of Orphan Mae. Ce dernier lui permet d’être enfin signée sur un label, Bella Union, sur lequel sort en 2003 Troubled by the fire. C’est en 2004 que je découvre la miss avec le sublime Carbon glacier, perle noire de folk scintillant. Je ratai en 2005 Year of meteors mais l’an dernier, je redécouvris Laura Veirs lors du festival Les femmes s’en mêlent et m’enquis il y a peu d’acheter son dernier opus, cet excellent Saltbreakers.
Laura Veirs confirme la richesse inépuisable du folk américain, pour peu qu’on sache le traiter comme il se doit et le considérer comme une langue infiniment vivante et non un dialecte ancien. Entre acoustique et électrique, Laura Veirs joue et chante une musique bien plus vieille qu’elle, charrie des sentiments qui semblent eux aussi bien plus anciens mais sans jamais que le disque ne sente le renfermé. Laura Veirs semble camper joliment au cœur même de la musique, vecteur agissant d’une tradition qu’elle sait respecter sans soumission dévote. Glissant là une rythmique électro (le génial Don’t lose yourself) , ouvrant ses portes ici à la guitare de Bill Frisell et à une chorale de séraphins (To the country) , Laura Veirs laisse entrer dans son folk des airs différents qui créent tout le charme simple de sa musique.
Laura Veirs chante ses textes graves et finement poétiques d’une voix sans pathos, la tête bien pleine et le cœur ouvert à tous les vertiges sans jamais chercher à faire pleurer ses auditeurs. Sur Ocean night song, les arpèges de guitare déposent un somptueux tapis d’étoiles à la surface de la mer, seulement troublée par quelques traits de violon. La valse triste Drink deep nous tourneboule gentiment le cœur tandis que le merveilleux Nightingale vient offrir réconfort aux âmes égarées, effrayées par l’obscurité et le bruit du monde. La demoiselle ne se limite cependant pas aux ballades crépusculaires mais sait aussi faire montre de plus de nerfs, portée en cela par un groupe remarquable de présence et de solidité. On retiendra ainsi l’entraînant Saltbreakers et ses chœurs de feu de camp, ou Wundering kind, qui va chercher son inspiration du côté de chez Midlake. Malgré une ou deux chansons plus communes (Pink light ou Phantom mountain) , le disque s’avère globalement excellent et confirme la place à part que prend cette trop discrète Américaine dans la famille folk, une sœur fragile, sage et audacieuse.
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