Teenage kicks
The Subways Young for eternity (2005, Warner)
Le plaisir de l’amateur tient aussi de disques mineurs, de groupes sans grande envergure néanmoins capables d’aligner quatre ou cinq chansons qui sauront nous accrocher, par leur fougue, leur arrogance ou leur allure. On pourrait appeler cela le charme des albums dispensables, ces disques qui ne nous auraient pas manqué si on était passé à côté, et qui auront au final su griffonner quelques notes persistantes sur nos neurones.
Ainsi en est-il des Subways, énième groupe à guitares débarqué d’Angleterre en 2005, avec sous le bras un bagage plus qu’usé, clamant son amour pour Nirvana, Oasis et les Ramones. A peine sortis de l’adolescence, le trio délivre donc un pop-punk des plus classiques, arc-bouté sur sa formule guitare-basse-batterie. Cette croyance enfantine dans l’énergie du rock constitue ainsi la force et la faiblesse des Subways, sans grand intérêt sur une bonne moitié d’album oublié sitôt écouté, mais emportant l’adhésion sur une demie-douzaine de morceaux, portant haut leurs mélodies crampons et leur fougue échevelée.
Ainsi, le teigneux With you s’impose aux forceps, malgré ses recettes éculées, le groupe déployant des trésors d’énergie pour rendre sa créature présentable. On retiendra l’épatant Mary, impeccable tube power-pop qu’on jurerait sorti du répertoire des mésestimés Fountains of Wayne. La voix acidulée de la bassiste Charlotte Cooper vient à l’occasion apporter un délicieux contrepoint au chant teigneux de Billy Lunn, relevant d’une pointe d’épices les mélodies du combo comme sur l’explosif I want to hear what you got to say. On retiendra aussi l’hymne Rock & roll queen, aux paroles bécassou (« You are the sun / You are the only one ») mais au refrain destructeur, parfait tube pop-punk pour teenagers qu’on aime aussi parfois écouter à trente ans passés.
Au final donc, rien de bouleversant, juste quelques mélodies bravaches et élégantes qui font remuer la tête et battre du pied; parfois, cela suffit.