Il y a bien longtemps que j’avais mis en pause ces tops annuels, petits exercices ludiques fort agréables qui me donnent de surcroît l’occasion de poser un regard rétrospectif sur la musique de ces 45 dernières années. Il faudrait juste que j’essaie d’en livrer plus d’un par an parce qu’à ce rythme-là, j’aurais du mal à rejoindre l’année en cours. Bref, tournons-nous ce soir vers l’année 1987, année ma foi de fort belle tenue, même si moins pourvue en disques de chevet que le millésime précédent. Les Anglo-saxons raflent tout : la pop anglaise représente la moitié des membres de ce classement, les Etats-Unis ont trois ambassadeurs et les antipodes (Australie et Nouvelle-Zélande) se font une place grâce aux Bats et aux Go-Betweens. Aucun disque français n’a retenu mon attention cette année-là et on saluera, comme d’habitude, les prétendants recalés à l’entrée, des Pet Shop Boys à Lloyd Cole. En avant la musique…
Les frères Reid laissent derrière eux le chaos et les larsens de Psychocandy le temps d’une poignée de chansons d’après la tempête, sombres et lumineuses, et prennent soin de tremper leurs mélodies addictives dans un flacon d’encre noire.
Avec ce double album rempli jusqu'au trop-plein, Robert Smith cède à la joie de tous les débordements. Aussi sublime qu'entêtant, Kiss me kiss me kiss me nous trimbale et nous bouscule, nous enchante et nous agace dans une jouissive frénésie.
Le groupe de Basildon affine encore son écriture pour livrer un grand disque élégant et ténébreux, dont le mélange inédit de mélancolie et de puissance chavirera les cœurs de millions de personnes.
Avec ce disque enflammé et fougueux, R.E.M. poursuivait sa marche triomphale vers le succès sans rien céder à la facilité. Certes, le groupe délaisse ici une part de son mystère et de sa fragilité mais révèle de nouvelles humeurs, politiques et coléreuses, charbonneuses et aériennes.
Depuis les antipodes, à la suite des formidables Verlaines et d’autres précieux compatriotes, les Bats débarquaient avec leurs chansons battues par les vents, évoluant sans cesse entre averses et éclaircies. Avec ses airs de grands espaces, la musique des Bats n’a depuis jamais cessé de souffler dans nos voiles.
Bien avant le triomphe et les paillettes, Jarvis Cocker et son groupe livraient ce grand disque malade, monstrueuse parade remplie de désirs inassouvis, envies charnelles ou soif de reconnaissance. Freaks révélait surtout un songwriter majuscule, metteur en son d’une fascinante dramaturgie grandiose et tourmentée.
Double album gargantuesque et labyrinthique, Sign ‘O’ the times est un classique dont on n’a pas fini de faire le tour, mêlant dans son chaudron psychédélique les genres (sous toutes les acceptions) et les identités pour donner à admirer la force et l’assurance d’une créativité sans bornes.
Dernier disque anglais du quartet australien, Tallulah confirme le génie pop du duo Forster/McLennan. Peut-être moins homogène que d'autres albums du groupe, Tallulah navigue en haute altitude, avec ses mélodies de bois vert jouées sous un ciel d’orage. Le groupe nous offre surtout deux chefs-d’œuvre éternels, avec Right here et l’exceptionnel Bye bye pride.
Point final impérial d’un parcours sans faute, Strangeways, here we come vient sceller en majesté une des aventures les plus intenses de l’histoire de la musique. Vibrant, corrosif, bouleversant, et bien plus encore, le chant du cygne des Smiths est à la hauteur de la grandeur de tout ce qui a précédé.
En finissant d’ajouter davantage de mélodies à leurs penchants expérimentaux, les New-Yorkais trouvent une sorte de formule idéale avec ce premier vrai chef-d’œuvre de leur discographie. Près de 35 ans après, Sister demeure un disque fascinant aux multiples facettes, bouillonnant et désirant, paranoïaque et énergisant, sauvage et beau.