Le manège enchanté
The Spinto Band Nice and nicely done (2005, Bar/None)
The Spinto Band se forme en 1996 à Wilmington, Delaware (USA). Alors composé de 6 membres, le groupe fait paraître une bonne demi-douzaine d’albums sur son propre label, diffusés essentiellement localement, avant de finalement décrocher un contrat avec un “vrai” label, Bar/None, sur lequel il publie ce premier album “officiel”, Nice and nicely done.
And all these brown boxes haven’t helped me move one bit / In half-empty rooms they sit / Stay, that’s where they will stay / I could never say, I would never say / This is over
Brown boxes
Je serai franc, The Spinto Band restera pour moi d’abord le groupe d’une chanson, une de ces perles que tout musicien pop espère réaliser une fois dans sa vie, par la grâce d’un instant béni. Cette chanson, c’est le fantastique Oh Mandy, avec son carrousel de mandoline et sa mélodie qui scintille et tourbillonne comme un grand vent de bonheur. L’espace de trois minutes trente, ce morceau majuscule vous collera un sourire béat sur le visage et vous transportera dans de cotonneux nuages blancs. Le groupe aurait pu s’arrêter à cette chanson qu’on l’aurait déjà gratifié de notre reconnaissance éternelle mais l’album entier distille un réjouissant élixir allègre et euphorisant. Le temps de 10 chansons jouées l’inspiration au vent, la troupe fait preuve d’une énergie jubilatoire qui plonge l’auditeur dans un bienfaisant bain de soleil et de ciel bleu.
And now I know I’m at the end of my wits / Don’t gonna tell me where this is going / Cause I know nothing ever falls apart / Yeah I know nothing ever falls apart
Oh Mandy
Le Spinto Band délivre donc une pop à sourire d’enfant, gorgée de mélodies accrocheuses gonflées à l’hélium et au gaz hilarant. Quand il ne pique pas des sprints de jeune chien fou (Trust vs mistrust) à faire passer Clap Your Hands Say Yeah pour une bande d’arthritiques, le groupe décolle carrément du sol pour se livrer à de facétieux loopings et de décoiffantes accélérations (Spy vs spy, So kind, Stacy, Did I tell you). Et quand il ralentit le pas, le Spinto Band se dandine comme un ours de forains sur un Brown boxes imparable illuminé d’un trait de kazoo ou se pare d’une décontraction lumineuse comme sur l’épatant Direct to helmet” L’album se termine par un Mountains aux aspérités plus rock mais à la fraîcheur intacte, rappelant les meilleurs moments en solo de Stephen Malkmus – et donc, de loin, les géniaux Pavement.
Baby don’t give up on me / Your skin on mine feels lovely / And the trust it comes so naturally / Except when you have gone away
Trust vs mistrust
Si ce Nice and nicely done ne changera pas la face de la musique, il vous embarquera donc pour une grosse demi-heure de manège enchanté dont vous ressortirez joyeux et allégé. C’est déjà beaucoup. Le groupe a depuis ce premier opus réussi fait paraître trois nouveaux albums que j’avoue ne pas avoir encore écouté, le dernier en date – Cool cocoon – étant sorti en 2013.