Depuis maintenant plus de 10 ans que je tiens ce blog, envers et contre tout, j’ai très majoritairement choisi d’écrire sur des albums. Outre mon amour immodéré du format et l’affection toute particulière que je porte à une certaine forme de critique musicale (la critique rock pour résumer) qui a tant contribué à définir mes goûts (et plus encore), j’ai toujours trouvé plus difficile de parler des chansons. Je sais bien pourtant qu’elles sont la base de tout : qu’elles m’accompagnent sous la douche ou la couette, à pied ou en voiture ; qu’elles me hantent ou m’horripilent, me réjouissent ou m’effraient, me font rire ou danser, chanter ou pleurer, parfois tout cela à la fois.
De chansons, il va pourtant en être question à partir d’aujourd’hui, et ce pendant quelques semaines. Mes quelques lecteurs et lectrices le savent sans doute – et celles et ceux qui ont lu Nick Hornby aussi – , l’amateur de pop-rock est souvent féru de tops, de classements et de listes en tout genre. J’ai déjà laissé entrevoir dans ces pages ce vice coupable, avec mes tops albums par année ou mes sélections de mes morceaux préférés d’un groupe ou d’un artiste. Poussons donc plus loin le vice : je me suis lancé depuis quelques mois dans l’entreprise aussi vaine que passionnante d’établir la liste ordonnée de mes 200 chansons préférées interprétées en français. Les thématiques ne manquaient pas, et c’est sans doute une sorte de paradoxe que je sois allé jeter mon dévolu sur la chanson francophone, moi l’imbibé de musiques anglo-saxonnes. En repassant mes doigts sur l’empreinte musicale laissé sur ma peau par ces titres en français, j’ai retrouvé des morceaux d’enfance comme déterré des amours oubliées. J’ai dû m’admettre des penchants dont je me croyais guéri comme j’ai su adouber avec peut-être une once de précipitation certains récents coups de cœur. Cette Carte du Tendre toute personnelle m’a aussi permis de mieux mesurer l’immensité des terra incognita qu’il me reste à arpenter et nombre de mes lecteurs et lectrices constateront avec mépris l’absence quasi-totale de certains monuments, essentiellement par méconnaissance (de Trénet à Barbara). Certains styles musicaux sont également très peu présents (le hip-hop ou l’électro) voire invisibles ; là encore, je plaide l’ignorance autant que certaines préférences. Surtout, en m’arrêtant un instant sur le chemin parcouru à travers ces territoires francophones (au périmètre sans doute trop restreint), je prends soin de serrer fort contre mon cœur ces 200 chansons qui m’accompagneront jusqu’à la fin, j’adresse une pensée à celles que j’ai laissé à regret dans l’ombre et je me réjouis de toutes celles qu’il me reste encore à découvrir.
Avant de commencer le compte à rebours, que je dévoilerai au fil des semaines à raison de 10 titres à chaque billet, voici un petit rappel des quelques règles ayant présidé à la constitution de cette liste :
- il s’agit de chansons en langue française : la nationalité de l’artiste n’est pas prise en compte mais à l’inverse, les chansons en anglais d’artistes français ont été exclues (tout comme les instrumentaux) ;
- j’ai longtemps hésité à limiter à un nombre de chansons par artiste, étant parfaitement conscient que certain·e·s risquaient de monopoliser les places. J’ai finalement réalisé que si je voulais être honnête dans l’exposition de mes goûts, il fallait aussi assumer que Bashung, Dominique A, Brel ou Christophe puissent être aussi présents qu’il le fallait.
Il est temps à présent, en avant la musique…