Pop-up
Brendan Benson Lapalco (2002, Star Time / V2)
C’est en 1996 que débarque d’à peu près nulle part – sinon de son Michigan natal – Brendan Benson. Flanqué de son brillant acolyte, Jason Falkner, le jeune homme d’alors 25 ans publie un premier album, One Mississippi, dont la power-pop énergique lui vaut un accueil critique plutôt chaleureux. Malheureusement pour lui, ses chiffres de vente ne sont pas à la hauteur et n’ont en tous cas pas l’heur de plaire à sa maison de disques qui lui indique prestement la porte. Pendant près de 6 ans, Brendan Benson retrouve alors une vie de musicien anonyme, partagée entre les tournées avec son groupe du moment et la production ou l’accompagnement d’autres artistes.
A balloon / To your lips / And held between your fingertips / But soon it slips your grip and whips / Around the room / Spitting its fumes / Just like me (Just like me)
Avec Lapalco, Brendan Benson retrouve l’occasion de se faire entendre et ne va pas manquer de s’en saisir, pour le plaisir de nos oreilles. Si le disque ne saurait prétendre aux plus hautes distinctions, il contient suffisamment de bonnes choses à se mettre sous la dent pour contenter l’amateur de pop, de rock et de bonne musique en général. Lapalco se situe dans la veine de son prédécesseur, celle d’une power-pop emplie de vitalité, à la fois explosive et sucrée, tour à tour pétaradante et douce. Au cours de ces trois quarts d’heure de musique, on croise un large panel d’influences fort recommandables, des Beatles au glam-rock, des Fountains of Wayne à l’épatant Jason Falkner qu’on retrouve d’ailleurs à l’écriture et à la production d’une bonne moitié des morceaux. Autant de références férues de mélodies sonnantes dans la lignée desquelles Benson souhaite s’inscrire, avec pas mal de bonheur il faut l’avouer.
My life in the D / Is a tragicomedy / A poetic verse (Life in the D)
Ma pente mélancolique m’incline en premier lieu vers les ballades du disque, fort réussies ma foi. On citera ainsi le remarquable Metarie qui se déploie avec une majesté qui contraste avec l’humilité du propos (« I’ve run out of gas and I’m stuck like glue ») ou l’ondoyant Life in the D, d’humeur beatlesienne. On recommandera aussi ardemment le duo de chansons qui vient clore l’album, Just like me et Jetlag, deux perles pop qui habillent sous des atours légers une auto-dépréciation vénéneuse. La valeur du disque tient cependant aussi dans ses moments les plus énergiques, d’un Tiny spark introductif qui vrombit de tous ses chevaux au pétulant Good to me et ses synthés pétillants. Au final, Lapalco figure un agréable disque d’outsider doué, qui saura inscrire dans les têtes quelques mélodies fort joliment troussées.
I know a guy lives in Los Angeles / Sometimes his life there makes me so jealous / I’d like to move out of this place / Change my name, get a new face / Get a life, put it in my song (Metarie)
Il serait un poil exagéré de dire que Lapalco a permis à Brendan Benson de décrocher la timbale du succès public. Le disque reçut comme le précédent un bon accueil critique et deux de ses titres furent utilisés dans des épisodes d’une série télévisée anglaise. Brendan Benson allait cependant bénéficier indirectement du succès maousse d’un de ses admirateurs : un certain Jack White s’enticha ainsi de Lapalco au point de reprendre Good to me en face B de l’énorme Seven nation army. Quatre ans plus tard, Brendan Benson s’associait avec ledit Jack White pour former les Raconteurs. Mais ça c’est une autre histoire… Brendan Benson a sorti son cinquième album solo, What kind of world, cette année.