Année de la chimie : les éléments
Après une première expérience réalisée il y a un peu plus d’un mois pour cette Année internationale de la chimie, essayons aujourd’hui d’aborder le sujet sous un angle différent, d’en renouveler la formule pour ainsi dire. Rendons donc hommage à Mendeleïev et son Tableau périodique des éléments, dont on évoquera ici pas moins de 12 éléments au fil de dix chansons mémorables.
1. Mark Eitzel Helium (1997)
Symbole He – n° atomique 2 (hélium). Profondeur de champ, détresse vibratile et pudique, on trouve dans ce doux morceau du génial et méconnu Américain une beauté sans fard, une vie bruissante et aérienne dont la mélancolie profonde parvient pourtant à nous réchauffer l’âme.
2. Nirvana Lithium (1991)
Symbole Li – n° atomique 3 (lithium). Impossible de passer à côté de cette grande chanson d’un groupe fondamental. Le titre du morceau semble faire référence aux sels de lithium utilisés dans le traitement des troubles bipolaires. La chanson alterne ainsi couplets comme ensuqués dans une camisole chimique avec un refrain dont sourdent rage et dégoût. Du grand art écorché vif…
3. Bjork All neon like (1997)
Symbole Ne – n° atomique 10 (néon). Des rythmiques comme un cœur battant, des cordes comme des nerfs vibrants, une voix hors du commun qui emplit le tout de son âme immense : voici la recette de ce qui est peut-être le plus grand disque de ces vingt dernières années, ce Homogenic de 1997, au sein duquel ce All neon like brille de mille feux, étoile au sein d’une constellation d’une beauté sans pareille.
4. Kate & Anna McGarrigle NaCl (sodium chloride) (1998)
Symbole Na – n° atomique 11 (sodium) ; symbole Cl – n° atomique 17 (chlore). Sur cette petite chanson charmante découverte très récemment, la maman de Rufus Wainwright et sa sœur (la tante dudit Rufus donc) nous narrent la belle histoire du sel, la rencontre d’un atome de chlore et d’un atome de sodium. On appréciera le délicat assaisonnement musical (harmonies vocales, cordes et piano) de ce joli moment de poésie légère et décalée.
5. N.T.M. Odeurs de soufre (1998)
Symbole S, n° atomique 16 (soufre). Beaucoup moins de délicatesse ici, mais le flow rageur d’un NTM à son sommet, entre textes uppercut (« Mon plafond reste ton plancher ») et beats chaloupés à la grâce féline et rageuse.
6. Sonic Youth Titanium expose (1990)
Symbole Ti, n° atomique 22 (titane). Une belle tempête sonique comme les immortels Américains en ont le secret, dans laquelle la ligne mélodique se laisse déchirer avec jouissance par des larsens griffus. De l’art de hérisser des barbelés autour de ses pop-songs ou le secret de l’éternelle jeunesse de ce groupe fondamental, traversant les décennies avec la même flamme depuis plus de trente ans maintenant.
7. Herman Dune Nickel chrome (2006)
Symbole Cr – n° atomique 24 (chrome) ; symbole Ni – n° atomique 28 (nickel). On change de style avec la country-folk père tranquille de ce duo franco-suédois. Rien de transcendant ici mais une chanson de bois et de sous-bois, joliment carénée et qu’on sifflote avec plaisir en regardant le soleil se coucher.
8. Radiohead My iron lung (1995)
Symbole Fe – n° atomique 26 (fer). Sur ce déjà remarquable The bends de 1995, le quintette d’Oxford n’est pas encore parti en éclaireur sur des voies jamais empruntées, mais commence à sérieusement faire dérailler son rock à guitares, avec quelques morceaux épileptiques et fiévreux comme ce My iron lung. Toute une génération de groupes – Muse en tête – leur courra vainement après…
9. Neil Young Silver & gold (2000)
Symbole Ag – n° atomique 47 (argent) ; symbole Au – n° atomique 79 (or). Album passé relativement aperçu du Loner paru à l’entame de ce siècle, Silver & gold montrait un Neil Young en excellente forme, privilégiant une acoustique pastorale parfaitement maîtrisée, digne de ses meilleurs moments folk des années 1970. A l’instar de Sonic Youth, lui aussi détient la recette de l’éternelle jeunesse…
10. Leonard Cohen Iodine (1977)
On conclura cette playlist décidément emplie de noms prestigieux avec l’imposante figure de Leonard Cohen. Extrait du controversé Death of a ladies’ man réalisé en collaboration avec l’allumé Phil Spector, ce morceau étrange se révèle infiniment séducteur, comme bon nombre de chansons de Cohen, entre wall of sound, réminiscences klezmer et teintes légèrement soul (saoules?). Le résultat produit une enivrante sensation de déséquilibre et de vertige, et constitue une bonne façon de conclure sur des arômes forts cette série musicale que j’espère, vous apprécierez.
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[…] franc, surtout de nom – le papa Loudon et la maman Kate McGarrigle (qu’on évoquait par ici récemment). On connaissait principalement le grand frère, le (souvent) formidable Rufus, dont on […]