Étoiles filantes
The Organ Grab that gun (2005, Mint Records)
C’est en 2001 que ces cinq jeunes Canadiennes de Vancouver, fans notamment de Cure ou des Smiths décident de fonder The Organ: Katie Sketch au chant, Deb Cohen à la guitare, Ashley Webber à la basse, Jenny Smith aux claviers et Shelby Stocks à la batterie. Elles enregistrent un premier EP, Sinking hearts, en 2002 mais la réalisation de leur premier album s’avère difficile. Après une première tentative infructueuse avec un premier producteur, les cinq filles reprennent tout de zéro et Grab that gun parait en 2005 dans nos contrées.
The Organ se situe clairement en plein revival post-punk, apparaissant comme une sorte d’Interpol au féminin. Les influences de groupes comme The Cure ou les Smiths sont ici patentes mais The Organ parvient à jouer cette musique avec sincérité et talent, sans jamais donner l’impression de plagier ses nombreux aînés. On entend juste cinq filles jouer la musique qu’elles aiment et parvenir à rester touchantes et créatives dans un territoire pourtant fortement balisé. La voix de Katie Sketch me fait très souvent penser à celle de Kristin Hersh et insuffle à ces morceaux la juste dose de mélancolie et de fragilité. Le résultat s’avère au final à la fois énergique et mélancolique, les textes racontant des histoires d’amour douloureuses ou de mal-être existentiel.
L’album s’ouvre sur le remarquable Brother, avec sa basse en avant et ses guitares à la Cure, et qui figure un imparable single. L’influence des Smiths se fait à son tour prégnante sur de nombreux morceaux, le groupe réussissant la gageure de raviver la flamme avec des titres comme Love, love, love (“Love, love / I’d really like a small part of it”) ou l’impeccable Basement band song dont les arpèges de guitare cristallins et élégants nous rappellent la magie de Johnny Marr. Le très beau Steven Smith constitue en lui-même un clin d’œil appuyé à l’idole Morrissey (Steven étant son prénom pour les béotiens en culture smithienne). On retiendra aussi le touchant et brûlant Sinking hearts et le crépusculaire There is nothing I can do, sur lequel The Organ revêt avec grâce les costumes noirs portés par le meilleur Interpol.
Même si The Organ ne peut cacher ses influences, ses chansons touchent par leur sincérité sans fard et leur qualité mélodique, le tout expédié en une trentaine de minutes urgentes, comme pour expulser de la plus belle des façons ce qui leur tord le cœur. The Organ restera malheureusement comme un groupe éphémère, les cinq filles annonçant leur séparation dès la fin 2006: une étoile filante venue du passé en quelque sorte. Un EP posthume, Thieves, sortira à la surprise générale fin 2008. Pour conclure, on laissera la parole au groupe en suivant cette injonction présente sur Basement band song : “We should put that record on / The one you found when you were gone / The one that has those sad, sad songs / And makes you sing out loud”.
1 réponse
[…] d’un « Doused » qu’on dirait presque repris aux regrettées étoiles filantes de The Organ. « Wait » déploie sur sa fin un faisceau de guitares saturées qui ne manque pas […]