Le grand incendie
The Gun Club Fire of love (1981, Last Call)
Je n’ai découvert la musique du Gun Club que très récemment. J’en avais déjà entendu parler, bien sûr, la première fois à la mort de Jeffrey Lee Pierce en 1996, puis le groupe était fréquemment cité parmi les influences majeures de Noir Désir (et je le sais maintenant à raison). Ma culture musicale ne se construisant pas de façon méthodique et linéaire, il aura fallu attendre encore quelques années avant que cette musique ne me percute. Et le choc fut violent…
Après avoir bourlingué quelques temps au sortir de l’adolescence, Jeffrey Lee Pierce, originaire du Texas, se fixe à Los Angeles en 1979. Entre deux bouteilles de bourbon, le garçon joue un temps les rock-critics et s’occupe de la section californienne du fan-club de Blondie. Il s’imprègne parallèlement de blues, de soul, de rythm and blues ou de rockabilly. Il rencontre à un concert Kid “Congo” Powers et le persuade de former un groupe. Ce sera le Gun Club. A sa grande surprise, le groupe suscite un intérêt croissant au sein de la scène punk angeleno, la personnalité charismatique de Pierce donnant à ses prestations scéniques une intensité folle. A peine Kid “Congo” Powers parti rejoindre les Cramps, Jeffrey Lee Pierce recrute un nouveau guitariste et enregistre le premier album du Gun Club, Fire of love.
Le long des onze titres de ce disque fumant, le Gun Club plonge le punk-rock dans la marmite du blues pour en ressortir une musique d’une sauvagerie brute proprement fascinante. Quelque part entre les Doors et les Stooges, le Gun Club fonce tel un train fantôme dans un paysage hanté, conduit par un chaman halluciné hurlant à la mort, possédé par un blues vaudou. A vive allure, le groupe aligne des morceaux d’une puissance ahurissante, tel l’introductif Sex beat, et ses déhanchements rageurs, le fulgurant She’s like heroin to me ou le phénoménal Fire spirit. Pierce redonne au rock and roll un parfum de soufre, entre sexe, drogue et idées noires. L’esprit de feu l’habite et l’incroyable For the love of Ivy vitrifie tout ce qui l’entoure. Ceux qui connaissent le En route pour la joie de Noir Désir relèveront l’évidente filiation. Dans le même esprit, le Gun Club n’hésite pas à se frotter à ses idoles en faisant subir une redoutable cure d’électrochocs au Preaching the blues du mythique Robert Johnson. Le groupe sait aussi parfois lever le pied, allant sortir de sa tombe le cadavre encore frais d’Elvis sur Black train ou déambulant dans le désert sur Cool drink of water.
Le Gun Club enchaînera avec un deuxième album Miami un an plus tard puis connaîtra une existence chaotique une dizaine d’années durant, au gré des aventures solo de Jeffrey Lee Pierce et de ses états d’addiction aux drogues et à l’alcool. Pierce décédera finalement en 1996 des suites d’une hémorragie cérébrale. La postérité de Fire of love s’avérera pourtant particulièrement imposante, de Nick Cave à Noir Désir, des Kings of Leon première époque à 16 Horsepower. Ça brûle encore…
Merci pour ce billet qui donne envie de réécouter le disque, d’autant que nous l’avons dans nos bacs.
Petite question bricolage : comment obtient-on le code pour avoir un titre en “single widget” sur Deezer ?
Merci. Je suis flatté d’autant que je trouve votre travail remarquable. Pour répondre à votre question bricolage, j’utilise un code qui était un temps visible dans Deezer quand on écoutait un morceau mais qui semble ne plus l’être. En tous cas, il fonctionne toujours. Il vous suffit juste de modifier le “idsong” par le numéro d’identifiant de la chanson que vous obtenez quand vous cliquez sur “Partager” en écoutant un morceau (cela vous donne une URL qui contient toujours ce fameux “idsong”). Par contre, la simple insertion du code dans un blog WordPress ne fonctionne pas, je dois utiliser les services de Vodpod, site de partage de vidéos qui permet de convertir ce code en un code spécifique WordPress. C’est comme si Vodpod transformait le player Deezer en vidéo intégrable sur le blog. Mais peut-être n’en aurez-vous pas besoin sur Blogspot.
Je vous envoie le code par mail.
J’espère avoir été clair. N’hésitez pas à me recontacter au besoin.
Merci.