En pleine santé
The Vaccines Come of age (2012, Columbia)
Ceux-là, je les avais manqués. Moins au fait qu’il y a une quinzaine d’années de l’actualité musicale (et ne courant plus vraiment après), j’avoue être passé à côté des Vaccines à la sortie de leur premier opus, What did you expect from the Vaccines ?, paru en 2011. Et, si je me suis rattrapé depuis, ce Come of age marque à mon sens une indéniable progression par rapport à son estimable prédécesseur.
Oh, look at me / So ordinary / No mystery / With no great capability but / I could make out as if I had it
Teenage icon
Soyons clair d’emblée : les Vaccines ne révolutionnent rien et leur pop-rock à guitares affiche une liste d’influences longue comme le bras, d’Elvis Presley aux Libertines en passant par les Strokes ou les Ramones. Mais ce quatuor londonien, conduit par l’épatant Justin Young – dont le chant à la morgue fragile fait beaucoup pour la séduction de ces chansons – , possède suffisamment de talent et d’énergie pour sortir du lot. Avec la saine ambition revendiquée de “faire danser les filles”, les Vaccines alignent une dizaine de chansons impeccablement troussées, à l’efficacité redoutable.
Oh, I could bore you with the truth / About an uneventful youth / Though you could get that rap from someone else / And I could make an observation / If you want the voice of a generation / But I’m too self-absorbed to give it clout
No hope
L’album s’ouvre ainsi sur un No hope détonant qui pourrait sans rougir figurer en bonne place sur n’importe quel album des Libertines. Le groupe place au fil du disque quelques roboratives réussites, de ces chansons expédiées vite fait bien fait et qui laissent derrière elles une trace fumante et une mélodie à siffler tout le jour. Ce sera ce I always knew teinté de surf-music et qui évoque l’esprit flamboyant des Last Shadow Puppets avec sa batterie cavalerie et sa montée en sève. Ce sera aussi ce All in vain grandiose qui célèbre quelque chose comme la rencontre entre Roy Orbison et les Strokes. Ce sont d’ailleurs ces réminiscences d’une certaine pop millésimée 50’s-60’s qui font une partie du sel du groupe, et qui finissent par donner à ce groupe anglais des airs d’Amérique. Parmi les excellents moments de l’album, on n’oubliera pas non plus le formidable Aftershave ocean, digne du meilleur Blur, ou ce Weirdo à la mélancolie lancinante. Le tubesque Teenage icon invitera tout auditeur doté d’oreilles à agiter les jambes en tout sens et, un peu plus loin, I wish I was a girl ranimera la flamme racée des Only Ones (le soufre en moins). Et, malgré quelques titres plus convenus, les Vaccines livrent ici un vrai bon disque de rock à guitares, maniant les clichés avec suffisamment de brio et de sens mélodique pour emporter le morceau.
I would hold you close / ‘Cause it is a lonely world / But would you want me too / ‘Cause it is a lonely world
Lonely world
On ne criera certes pas aux génies (pas encore) mais on appréciera à sa juste mesure un album tout à fait réussi, saine médication contre la morosité et la fadeur.