Bonbons et couleurs
Sliimy Paint your face (2009, Warner)
Autant le dire d’emblée, le disque de Sliimy ne ressort pas de la catégorie des chefs-d’œuvre impérissables, loin de là. Bien que très inégal et parfois plus proche de Christophe Willem que de Lily Allen, ce Paint your face vaut néanmoins pour une poignée de chansons à croquer, petits plaisirs sucrés à déguster sans modération. De son vrai nom Yanis Sahraoui, ce Stéphanois de vingt-et-un ans se fait d’abord remarquer sur Myspace avec une reprise du Womanizer de Britney Spears. Paint your face paraît en avril 2009 et décroche la timbale avec l’épatant single Wake up.
Sliimy sert une pop multicolore, vraisemblablement inspirée de Mika ou de Lily Allen (tout en restant à bonne distance des bijoux ciselés par la demoiselle). Le jeune homme peint ses rêves en rose et se projette loin de la grisaille apparente de sa ville d’origine: “Welcome to this fucking city / Hope you’ll have a good trip” entend-on d’ailleurs sur le très réussi Every time. En bon apprenti de la chose pop, le garçon emballe des textes plutôt sombres dans un écrin ensoleillé, tout en revendiquant son envie de s’amuser et de se faire plaisir.
Sliimy abat d’entrée de jeu son atout maître avec le génial Wake up, morceau irrésistible et printanier qui nous accroche un sourire béat aux lèvres et nous pousse du coude à nous déhancher en chantant “ding dong”. Parmi les réussites du disque, on retiendra la mélodie futile et enjouée de Our generation ou la pop haut de gamme de Every time, sur lequel Sliimy nous ferait presque penser à un Neil Hannon juvénile (toutes proportions gardées). Ce goût pour le sucre et la couleur se retrouve tout du long de l’album, convainquant sur des morceaux comme Trust me ou Magic game. On n’oubliera pas de mentionner dans un registre plus grave le très touchant Mum, dont on ne sait s’il est ou non autobiographique et sur lequel un jeune garçon évoque joliment sa mère disparue. Comme je le disais plus haut, le disque ne maintient pas un bon niveau sur toute sa durée, les titres plus anodins voire franchement pénibles ayant tendance à prendre le dessus dans le dernier tiers de l’album, tels les fadasses Waiting for et My god.
Tous les disques et toutes les chansons n’ayant pas pour vocation de nous procurer émotions fortes et frissons dans le dos, on ne mégotera pas sur les friandises bigarrées de ce Paint your face et je suis même certain que son Wake up sera fort à propos pour démarrer certaines journées du bon pied. Ding dong…