Matins radieux et ciels chagrins
The Boo Radleys Wake up! (1995, Creation/Columbia)
Avec leur Giant steps de 1993, les Boo Radleys avaient réussi un véritable coup de maître, le cerveau fumant du pilote Martin Carr organisant le crash parfait entre ses aspirations noisy et une pop grand format héritière directe des monstres du genre, Beach Boys et Beatles en tête. Après un tel sommet, le retour sur terre menaçait d’être périlleux, et l’on pouvait craindre que les ambitions panoramiques de Carr ne conduisent ces petits gars de Liverpool vers la sortie de route.
Au final, le virage de “l’album faisant suite au chef-d’œuvre” s’avère plutôt bien négocié. Certes, le groupe n’atteint pas ici le niveau de son précédent opus et laisse traîner ici ou là quelques vilains grumeaux. Carr et sa troupe parviennent cependant à doser justement humilité et panache pour réaliser un disque remettant sur le tapis leurs obsessions pour les grands maîtres pop en les colorant cette fois de roboratives influences northern soul.
L’album démarre sur les chapeaux de roue avec l’emballant Wake up boo, merveille solaire et enjouée déboulant tous cuivres dehors et portée par la voix cristalline du chanteur Sice. Les Boo Radleys parsèment ce Wake up! de ce genre de chansons lumineuses, tel le magistral Find the answer within ou le claironnant Martin, doom! it’s seven o’clock. Impossible aussi de passer sous silence la grâce du génial Reaching out from here ; on retiendra d’ailleurs que dans la plus pure tradition pop, les paroles sont bien moins enchantées que les musiques, laissant affleurer plus de grisaille que de soleil (“And it looks like another rainy day / Sittin’ here lonely by my window / Waiting for you to come on home” ) . Parmi les réussites du disque, on n’oubliera pas la douceur fragile de Fairfax scene ou l’envolée majestueuse de Stuck on amber. On regrettera juste comme évoqué plus haut que Carr se laisse parfois aller à compliquer inutilement ses morceaux, tels les pesants Joel ou Charles Bukowski is dead, qui commençait pourtant si bien.
Après ce plutôt réussi Wake up!, les Boo Radleys reviendront un an plus tard avec C’mon kids. Puis en 1998, le groupe en terminera avec le très bon Kingsize, que je trouve à la longue plutôt meilleur que le disque dont il est aujourd’hui question. La discographie du groupe est plutôt écrasée par l’ombre portée de leur gigantesque Giant steps, elle mérite cependant de ne pas être oubliée.
1 réponse
[…] à mon sens pas pris une ride. Les Boo Radleys reviendront en 1995 avec le très réussi Wake up !, moins ambitieux mais d’une fraîcheur revigorante. Viendront ensuite C’mon […]