Un coeur simple
Ron Sexsmith Ron Sexsmith (1995, Interscope)
Né au Canada à proximité des chutes du Niagara, Ron Sexsmith a d’abord longtemps roulé sa bosse avant que d’avoir sa chance. Au fil des années 1980, il exerce plusieurs années le métier de coursier, glanant au fil de ses journées de travail la matière de chansons qu’il enregistre ensuite sur des cassettes dans l’espoir de se faire remarquer. En 1991, il parvient à décrocher un premier contrat lui permettant d’enregistrer un premier opus, Grand opera lane, dont je ne saurais dire s’il fût distribué par chez nous. C’est avec cet album éponyme paru quatre ans plus tard qu’à trente ans passés, Ron Sexsmith va s’attirer la bienveillance des critiques et les louanges sincères de pairs aussi prestigieux qu’Elvis Costello ou Paul Mc Cartney.
Avec son visage de poupon et sa voix plaintive, Sexsmith se révèle un songwriter parfaitement dégrossi, alliant maturité sereine et fraîcheur mélodique. Entre folk et pop, il aligne ainsi une belle série de chansons élégantes et gracieuses, épatant par leur simplicité et leur évidence. Avec la complicité de Mitchell Froom aux manettes, Sexsmith distille des mélodies de bois et de lumière, ornées d’arrangements fins et subtils accompagnant à merveille des textes remarquables. Le Canadien délivre ainsi une musique à hauteur d’homme, relevant en précieux sismographe les doux tremblements du cœur et de l’âme.
Difficile d’ignorer la perfection ciselée de morceaux comme Lebanon, Tennessee ou Secret heart, chansons douces et enveloppantes réussissant à ouvrir de somptueux horizons. Sexsmith excelle dans un registre mélancolique jamais plombant, jetant un regard tendre et compréhensif sur lui-même et ses contemporains, sans manquer à l’occasion d’une pointe d’humour. Dans ce registre, le splendide Speaking with the angel nous amènera les larmes aux yeux et la belle gravité de There’s a rhythm ne nous écrasera pas, bien au contraire.
Ron Sexsmith reviendra deux ans après avec d’autres chansons – Other songs – qu’il hissera à un niveau encore supérieur. Le bonhomme trace depuis dans la (trop grande?) discrétion et l’élégance son bout de chemin, son neuvième album Exit strategy of the soul étant paru en 2008.
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[…] affleuraient déjà ici et là sur ses deux albums précédents. Après les teintes hivernales de Ron Sexsmith (1995) et les climats de mi-saison du superbe Other songs (1997), on pourrait dire que Whereabouts […]