Amour de jeunesse
MGMT Oracular spectacular (2008, Columbia)
Pour conclure en beauté cette année 2008, retour aujourd’hui sur un des disques marquants de ces douze derniers mois, dominant les bilans de fin d’année de la presse spécialisée et certainement promis à tous les succès dans les mois à venir.
Passés, à l’instar de Santogold, par l’université de Wesleyan dans le Connecticut, Andrew van Wyngarden et Ben Goldwasser, assistés du remarquable Dave Fridmann à la production (aux manettes notamment du Deserter’s songs de Mercury Rev ou des deux derniers opus de Sparklehorse) , livrent ici un disque roboratif, méritant pour l’essentiel les louanges qui lui sont tressées ici ou là. MGMT relève, dans ses cuisines enfumées, quarante ans de psychédélisme pop d’épices électro goûtues, le tout pour un résultat des plus appétissants. Derrière la hype et l’imagerie arty un peu pompeuse, le duo réussit un excellent premier album, à la fois résolument moderne et ancré dans son époque, mais irrigué de partout d’influences glorieuses parfaitement digérées.
Le disque démarre sur les chapeaux de roue avec l’immense Time to pretend, chanson manifeste ironique et jouisseuse, hymne autodestructeur pour la jeunesse, jouant à fond du cliché « vivre vite et mourir jeune », morceau à la ligne mélodique imparable rempli jusqu’à la gueule de trouvailles sonores et mélodiques de premier choix. En suivant, Weekend wars fait intervenir pour la première fois les réminiscences du Bowie circa 1970-1973, avant que The youth ne vienne (un peu trop) enfumer l’atmosphère de son psychédélisme languide. Avec Electric feel, le groupe confirme son aptitude à faire danser ses auditeurs, convoquant ici d’étonnantes influences funk, aptitudes confirmées par le phénoménal Kids, chef-d’œuvre d’euphorie mélancolique célébrant la fin de l’enfance dans un splendide mélange de joie et de pleurs. MGMT s’égare ensuite quelque peu sur le trop capiteux 4th dimensional transition, puis retrouve toute sa superbe avec l’épatant Pieces of what, qui éclot comme une fleur multicolore pour nos oreilles ravies. L’auditeur pourra ensuite s’ébahir devant les constructions fascinantes de Of moons, birds and monsters mais pourra un poil regretter les deux morceaux finaux un peu moins réussis.
Peut-être pas le disque de l’année, Oracular spectacular n’en constitue pas moins un moment musical important de cette fin de décennie. On peut d’ailleurs se demander à quel point son profond ancrage dans l’époque ne risque pas de le faire vieillir très vite à nos oreilles. En attendant, on en reprendra une louche avec grand plaisir et on passera le réveillon avec lui.
Bonne année à tous.
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