La sirène rouge
Lauren Hoffman Megiddo (1997, Pitch-a-Tent / Virgin)
Grandie dans une famille férue de musique quelque part en Virginie rurale, la petite Lauren Hoffman se retrouve rapidement une basse et une guitare entre les mains. Dès l’âge de 13 ans, elle participe un temps à l’aventure du Dave Matthews Band, figure de la scène locale puis, à peine âgée de 17 ans, elle collabore avec Shannon Worrell au sein du groupe Monsoon. La jeune fille prend rapidement le large pour aller se frotter à la vie new-yorkaise, où elle gravite quelque temps autour d’un certain Jeff Buckley. Elle s’astreint comme elle peut à joindre les deux bouts au cœur de la frénésie de la ville et finit par décrocher un contrat discographique qui lui permet de publier Megiddo, en 1997.
They put a shrine for you in Rolling Stone / And sixteen servants weeping at your throne / Yeah I love you ten times more dead than alive / I wanna hold your kids, make love to your wife
Rock star
Avec cette collection de chansons fiévreuses et élégantes, Lauren Hoffman affiche sur ce premier opus une maturité impressionnante pour son âge, livrant des morceaux d’une beauté farouche. Évidemment, on pensa à l’époque aux débuts incandescents et furieux de PJ Harvey ou aux débordements incontrôlables de Cat Power, révélée une petite année plus tôt. Lauren Hoffman emprunte en effet à ces deux artistes majuscules le goût du blues taillé à l’os et cette volonté de travailler cette musique au corps, de la rudoyer pour en faire le véhicule de ses colères, de ses failles et de ses désirs. Les guitares sont tranchantes, sans fioritures et la jeune femme ne manque pas à l’occasion de déclencher de spectaculaires coups de tabac. Mais si la tension habite les douze chansons de l’album, Lauren Hoffman trouble volontiers le jeu, comme on enfilerait une robe rouge par-dessus le blue-jean, et fait se rencontrer dans le même élan la PJ Harvey de Dry et celle de To bring you my love. Megiddo n’est ainsi pas un disque claustrophobe et replié sur soi car Lauren Hoffman ne manque jamais d’ouvrir les fenêtres et d’aérer ses morceaux, même si l’air du dehors n’est pas toujours très frais.
Not so long ago I was a little thing with dolls and stars and dreams
Hope you don’t mind
Le disque s’ouvre sur l’excellent Blood, morceau parcouru d’une sombre menace qui convoque à la fois la grisaille des trottoirs et le mystère des marais. Puis avec Rock star, Lauren Hoffman livre un remarquable tube en puissance, chanson rageuse et coupante, expédiant avec une ironie mordante la fascination morbide exercée par les “stars” sur certains fans malsains. Au fil de l’album, Lauren Hoffman explore avec plus ou moins de bonheur ces territoires blues-rock marqués par Nick Cave ou PJ Harvey, entre un Lolita qui sonne comme une chute non conservée de Rid of me et cette formidable Ashram song finale que le ténébreux Australien n’aurait pas su mieux habiter. La jeune femme expose néanmoins d’autres cordes à son arc au fil de l’album et sait se montrer plus engageante comme sur ce Cold and gray qu’un orgue vient joliment faire vibrer ou ce Hope you don’t mind plein d’humour et d’agilité. Lauren Hoffman livre également deux formidables ballades languides et chavirées, avec un Persephone teinté de rouge sang et surtout le magnifique Fall away, sorte de country-blues fatigué qui lentement s’élève et scintille dans le couchant comme le meilleur d’Elysian Fields, sensuel et grave. Au final, ce Megiddo affiche une belle palette de styles qui le rende plus avenant qu’on ne pourrait le penser à première vue.
Stupor of a quaalude dream / Ride tequila acid-wave / Hold my hand in powder stream / To get me through / Mortality alone or eternity with you
Persephone
Megiddo rencontra un certain succès d’estime par chez nous mais passa complètement inaperçu sur les terres natales de Miss Hoffman. 20 ans après, il fait partie de ces disques oubliés qui à mon sens méritent d’être redécouverts. Car si Lauren Hoffman ne fut pas la plus visible des filles qui déboulèrent sur la scène rock au fil des années 1990, ce Megiddo trouve aujourd’hui des échos chez d’autres musiciennes importantes de l’époque, Sharon van Etten en tête. La suite de la carrière de la jeune femme s’est révélée depuis plus erratique, si bien que je n’en ai pas suivi grand chose. Confrontée à de graves troubles alimentaires sur lesquels elle s’est tout récemment confiée, elle réussit tout de même à faire paraître trois albums entre 1999 et 2010 et vient de faire paraître un nouvel album en tout début d’année, accompagnée désormais d’un groupe appelé The Secret Storm. Encore des choses à découvrir…
Bonjour à toute l’équipe de la discothèque de l’amateur,
Ici Laura de l’agence RP Ephélide (Rock en Seine, Eurockéennes, Chinese Man, Vitalic, …)
Enchantée ☺
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Très belle journée,
Et j’espère à bientôt,
Laura