Le goût de la poussière

Shannon Wright Perishable goods (2001, Quarterstick)

Shannon Wright - Perishable goods

J’ai croisé la route de Shannon Wright une première fois en 1995 à l’occasion d’un concert de son groupe d’alors, Crowsdell, concert donné dans le cadre d’un festival du label Big Cat. J’avoue n’avoir conservé aucun souvenir de ce concert, le groupe étant noyé dans une affiche particulièrement dense et servant surtout pour moi d’aimable amuse-gueule avant la prestation tant attendue de Pavement. Après la séparation de Crowsdell, Shannon Wright décida de vendre une partie de ses biens et de s’installer en Caroline du Nord. Elle commença alors d’enregistrer seule à la guitare une musique d’essence folk-rock.

Sur ce Perishable goods, album court de sept titres seulement, Shannon Wright se situe dans la lignée d’autres écorchées comme Kristin Hersh, Lisa Germano ou Cat Power. La dame livre ainsi un folk-rock bourré d’échardes, aux maux à fleur de peau. Elle remplit ses chansons jusqu’à la gueule d’émotions fortes, si fortes qu’à plusieurs reprises, la musicienne apparaît au bord de la crise de nerfs ou de l’effondrement. On ne pénètre donc pas dans ce disque tourmenté à la légère, sous peine d’être rapidement saoulé par ses effluves capiteux.

Essentiellement jouées en acoustique (guitare et piano) , ces morceaux frappent par leur nudité déchirée. Hinterland gicle ainsi à la face de l’auditeur, fervent et habité. Wright offre une version neurasthénique et désolée du I started a joke des Bee Gees, comme délavée par les larmes. On retiendra aussi le sublime Capsule of you, digne des plus belles heures de Lisa Germano ou l’évanescent The path of least persistance, sur lequel la chanteuse semble baisser les bras sous le poids de la douleur qui l’étreint.

Disque beau et grave, Perishable goods vous baignera de sa mélancolie à l’eau-forte. Il ne joue pas encore cependant sur les mêmes hauteurs que les références citées plus haut, manquant d’une profondeur de champ suffisante à mon goût. Depuis cet album, Shannon Wright a fait paraître trois autres opus: Over the sun en 2004, un album en duo avec Yann Tiersen la même année et Let in the light en 2007.

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