Au p’tit bonheur
The Sleepy Jackson Lovers (2003, Astralwerks)
La pop australienne a régulièrement donné naissance à nombre de groupes et musiciens intéressants, brillants voire carrément géniaux (Apartments ou Go-Betweens en tête). Natifs eux aussi de l’île-continent, les Sleepy Jackson parvenaient en 2003, avec ce premier opus, à se frayer une belle place au soleil. Et si ce disque ne prétend pas au statut d’impérissable chef-d’oeuvre, on y retrouve suffisamment de qualités dynamiques et mélodiques pour passer une bonne partie de son écoute à reprendre en chœur ses refrains lumineux.
I said I don’t know how to live my life / The sun comes up in the morning and away tonight
This day
Créature du control-freak Luke Steele, lui-même fils de musicien, The Sleepy Jackson apparaît à la fin des années 1990 du côté de la ville de Perth. Le groupe suit le parcours classique du combo rock indé, parvenant à décrocher rapidement un contrat et le droit de publier ce Lovers inaugural et ma foi très réussi. Steele aligne ici une roborative collection de chansons pop ensoleillées et bondissantes, à entonner à tue-tête dans sa cuisine ou sous la douche. Le groupe propose un condensé de 35 ans de musique pop et survole l’oeuvre des grands anciens avec suffisamment de brio pour qu’on s’attache à ces morceaux. Le résultat est d’une redoutable efficacité et je défie quiconque de ne pas se mettre à s’égosiller joyeusement sur le refrain de l’imparable Rain falls for wind. Luke Steele aime les chœurs et toute la simplicité enfantine de la pop, celle qui fait “sha la la” ou “na na na”. Le superbe This day, sous forte influence George Harrison, est un parfait exemple de ce parti pris, avec son piano baladeur et la pointe de mélancolie qui s’en dégage. Au fil du disque, Luke Steele papillonne dans les jardins de la pop et croque tous les fruits, du psychédélisme de Good lovers à l’impeccable dynamique dansante de Tell the girls that I’m not hangin’ out (digne du meilleur des Dandy Warhols). Sur Morning bird, le gaillard confie une ballade au piano à la voix d’un enfant tandis que Don’t you know monte en neige comme un bon morceau de Spiritualized (les neurones cramées en moins). Les teintes country-rock vont également bien au bon teint du groupe, comme sur un Come to this fringant ou sur un Old dirt farmer un poil plus caricatural.
Keep your mouth clean / Let the lying lips be put to silence / Lord, I don’t know / How it has come to this
Come to this
On regrettera bien quelques fautes de goût comme ce Vampire racecourse qui singe les Stones sans vraiment convaincre. The Sleepy Jackson reste également un peu trop à la surface des choses pour atteindre un niveau encore supérieur mais on prendra quand même plaisir à écouter ce disque d’humeur joyeuse certains matins ensoleillés, petit plaisir sucré et rafraîchissant. Le groupe n’a pas vraiment capitalisé sur ce premier essai réussi. Un deuxième opus Personality – once was a spider, once was a bird est paru en 2006 puis plus rien. Luke Steele s’est embarqué dans un projet parallèle, comme moitié du groupe Empire of the Sun et même si un troisième disque des Sleepy Jackson est périodiquement annoncé, rien ne vient pour l’instant. Un petit bonheur, c’est déjà bien.
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