Les blousons noirs
Black Rebel Motorcycle Club B.R.M.C. (2001, Virgin)
Black Rebel Motorcycle Club résulte à l’origine de la solide amitié que vont nouer sur les bancs d’un lycée de San Francisco Robert Turner et Peter Hayes. Les deux garçons se découvrent de profondes affinités musicales mais il faut attendre quelques années avant qu’ils ne se décident à fonder un groupe, après s’être adjoints les services de Nick Jago à la batterie. Le trio enregistre une démo qui tape dans l’œil de la radio californienne KCRW et qui parvient aux oreilles de Noel Gallagher d’Oasis qui s’en fait le fervent promoteur. Profitant de la vague du “retour du rock” alors en plein déferlement, le groupe décroche un contrat chez Virgin pour faire paraître ce premier album.
I fell in love with the sweet sensation / I gave my heart to a simple chord / I gave my soul to a new religion / Whatever happened to you ?
Whatever happened to my rock ‘n’ roll
Avec Black Rebel Motorcycle Club, c’est un rock de cuir et de charbon qui retrouve droit de cité. Le trio californien se pose en héritier d’une lignée dans laquelle on retrouverait certainement le Velvet Underground, les Stooges ou les Anglais de Jesus & Mary Chain, toute une généalogie de blousons noirs aux sonorités vénéneuses escaladant le rock par sa face sombre. Le B.R.M.C. aligne ainsi 11 morceaux au psychédélisme sulfureux, aux guitares trempées dans un acide psychotrope et aussi habiles pour les lacérations que pour les tourbillons.
I’ve been awake through the wrong decisions / I’ve held the ground now I’m gaining soul / I bit my tongue through the cold realisations / I’ve been accused but I’ve only begun
Awake
Si le groupe est capable de déflagrations électriques emplies d’une belle brutalité, comme sur ce Whatever happened to my rock ‘n’ roll évoquant des Stooges psychédéliques, le Black Rebel Motorcycle Club se montre plus particulièrement à l’aise pour camper des atmosphères moites et délétères. Le formidable Red eyes and tears avance ainsi tel un train de l’enfer compact et intrigant tandis que Spread your love se déploie dans la sueur et l’inquiétude. Le groupe impressionne beaucoup quand il parvient à faire décoller ses créatures d’une bonne rasade de carburant drogué qui emmène l’auditeur dans un vertigineux vortex (Awake, Take my time / Rifles). Dommage que la formule ne fasse pas mouche à tous coups, la lancinance camée de certains titres manquant parfois de relief et menaçant de nous faire piquer du nez (Too real ou White palms). L’album se termine par un Salvation teinté de gospel, litanie hallucinogène allant marcher sur les brisées du Spiritualized de Jason Pierce.
So now that everybody’s gone / You see no change has come / In every song you’ve ever sung / You find the words were wrong
As sure as the sun
Depuis ce démarrage plutôt réussi, le Black Rebel Motorcycle Club poursuit sa route et continue de brûler le bitume. 7 autres albums ont ainsi suivi ce premier opus, le dernier en date, Specter at the feast, étant sorti en ce début 2013. J’avoue ne pas vraiment avoir suivi la discographie du groupe, m’arrêtant sur l’acoustique hantée de leur Howl de 2005.
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[…] B.R.M.C., son premier album paru en 2001, le groupe conduit par Peter Hayes et Robert Levon Been (aussi […]