Le bal des vampires
Pour ce soir, je vous offre une playlist frisson avec un hommage à une figure à la mode de la culture populaire de ces dernières années, les vampires. On pourra y voir aussi un petit clin d’œil personnel à l’extraordinaire Buffy contre les vampires dont les épisodes ont rythmé nombre de mes soirées ces derniers mois. Sortez vos gousses d’ail et vos crucifix, ils arrivent !
1. Paul Simon The vampires (1997, Songs from the Capeman)
J’avoue ne pas connaître grand chose de l’œuvre solo de cette moitié de Simon & Garfunkel mais j’ai toujours bien aimé ce morceau. Tiré de Songs from the Capeman, bande-son de la comédie musicale que monta Paul Simon et qui connut un flop retentissant, cette déambulation dans l’univers de la pègre portoricaine est une vraie réussite. “If you got cojones come on mette mano !”. Simon endosse l’habillage musical latino qui sied et on suit avec grand plaisir la démarche chaloupée de ces chicanos peu fréquentables, au son du piano et des trompettes.
2. Neil Young Vampire blues (1974, On the beach)
Les vampires de Neil Young ont le sang froid mais ont pignon sur rue, puisqu’il fait ici référence aux grands magnats du pétrole. Au cœur d’un des chefs-d’œuvre de sa “Ditch trilogy” (“trilogie du fossé”), un Neil Young atrabilaire et sous perfusion de tequila place ce blues cinglant et cynique, tout de guitares mauvaises et de regards noirs. Un Young grand cru.
3. Radiohead We suck young blood (2003, Hail to the thief)
Sur ce qui demeure aujourd’hui leur dernier très grand disque, Radiohead place cette ballade liquide qui avance en procession au gré d’un piano étique et d’une rythmique faite de claquement de mains. Un grand morceau fiévreux et hypnotique sur un disque du même tonneau.
4. Arctic Monkeys Perhaps vampires is a bit strong but… (2006, Whatever people say I am, that’s what I’m not)
Pas le meilleur morceau du détonant premier album des Anglais mais une bonne introduction à leur mélange explosif de punk et de pop, empli de fougue et de morgue. La chanson se singularise surtout par une longue coda instrumentale qui semble vouloir emmener les Clash sur le dance-floor. Vampires rock !
5. OutKast Dracula’s wedding (2003, Speakerboxx/The love below)
Sur cet extrait de ce disque important du siècle, OutKast invite Kelis pour quelques chœurs lascifs et livre un hip-hop mutant dont le duo a le secret, l’échine parcourue de frissons pour célébrer le mariage du Prince des Vampires, Dracule en personne. On sera bien évidemment envoûté.
6. Les Vampires Je suce (1987, Tous égaux devant les asticots)
Comme quoi les Vampires ne sont pas toujours élégants mais peuvent aussi faire preuve d’humour. On passera sans transition du hip-hop 2.0 des géniaux OutKast au punk-rock potache mais diablement efficace des Vampires, un des nombreux acteurs de l’effervescence du rock alternatif français des années 1980. Rien de mortel ici, juste une énergie contagieuse qui vous sortira du cercueil pour vous faire agiter la tête bêtement.
7. Thomas Fersen Dracula (2011, Je suis au paradis)
L’excellent Thomas Fersen s’approprie à sa manière l’histoire de Dracula, tout en mélancolie mélodieuse. Fersen offre au dandy vampire un écrin somptueux de pop soyeuse, avec tapis de cordes et dentelle de guitare acoustique. Et Fersen de dresser le portrait de Dracula en “fou romantique rejeté dans les oubliettes”, dont le destin nous tirerait bien quelques larmes plutôt que des gouttes de sang. Superbe.
8. Gorillaz Dracula (2001, Gorillaz)
Après la pop élégante et élégiaque de Fersen, les Gorillaz traînent le Seigneur (Saigneur ?) des Vampires dans un rade enfumé de Kingston pour un dub hypnotique et mal peigné. On imagine le choc thermique pour notre figure mythique à peine sorti de son château glacial de Transylvanie. On ne sait pas s’il aura envie d’y retourner après un tel traitement.
9. Eugene McGuinness Vampire casino (2007, The early learnings of Eugene McGuinness)
J’ai entendu parler il y a peu de ce jeune Londonien dont je découvre progressivement la musique. Le bonhomme livre ici une drôle de ballade de crooner fatigué, teintée d’un léger parfum de décadence. Prometteur.
10. The Smashing Pumpkins We only come out at night (1995, Mellon collie and the infinite sadness)
Si je ne suis pas forcément un fin connaisseur ni un inconditionnel du groupe de Billy Corgan, je me dois de reconnaître que le bonhomme a laissé derrière lui un nombre substantiel de choses excellentes. Ici, les Smashing avancent en gang sur une drôle de comptine gothique, comme si West Side Story rencontrait Buffy. Accalmie au milieu du gargantuesque Mellon collie…, We only come out at night laisse une trace rêveuse derrière lui qu’on aime bien regarder briller.