Vampire Weekend Vampire Weekend (2008, XL Records)
Comme il m’arrive souvent, au gré des hasards qui construisent peu à peu ma petite culture musicale, j’ai découvert la musique de Vampire Weekend via le deuxième album du groupe : Contra (2010) dont j’ai parlé ici-même. Si ce disque s’avérait rempli de bons moments, j’indiquais aussi qu’il ne me convainquait pas entièrement et je m’interrogeais sur le contenu du premier opus des New-yorkais. Me voici fixé.
Autant le dire d’emblée, Vampire Weekend me plaît davantage que son successeur. Si le groupe n’a pas modifié en profondeur son vocabulaire entre ses deux albums, son expression apparaît ici plus déliée, séduisant par une fraîcheur et une inspiration roboratives. Derrière l’image arty que le combo entretient, Vampire Weekend fait montre d’une finesse constante et relève brillamment son pari de mêler habilement pop, new-wave et musique africaine. Vampire Weekend va ainsi chercher ses influences aussi bien dans le Graceland de Paul Simon que dans les territoires défrichés par les précurseurs Talking Heads. Pour soutenir son propos, le quatuor aligne une portée d’atouts de premier choix : une section rythmique épatante capable d’impressionnantes montées de fièvre (on pense parfois aux fantastiques Feelies), des mélodies printanières et incisives que viennent rehausser des arrangements de cordes d’une grande subtilité, le chant juvénile et tendre d’Ezra Koenig, auteur de textes lettrés et malins (peut-être trop) qui fleurent bon cette incertitude mélancolique qui accompagne souvent l’entrée dans l’âge adulte.
En un peu plus d’une demie-heure, Vampire Weekend se révèle plus sprinteur que coureur de fond, et le groupe se livre à quelques accélérations réjouissantes comme le frénétique A-punk ou les épatants Campus, Walcott et Mansard roof qu’une brassée de cordes fait joliment monter en mayonnaise. Sur M79, Vampire Weekend semble embarquer les Zombies vers les terres chaudes d’Afrique et le fleuri Oxford comma transporte certains vieux titres d’Harry Belafonte au XXIe siècle. On accordera une mention aussi à l’étonnant Cape Cod Kwassa Kwassa, choix de single audacieux, et le génial I stand corrected dont se dégage une mélancolie solaire pleine de charme.
Malgré quelques titres plus dispensables, le groupe signait donc une entrée en scène réussie et pleine de promesses. Contra ne les confirmera qu’à moitié.