En 10 points gagnants
Dimanche débute Roland-Garros. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi… enfin, vous connaissez la suite. L’occasion était belle de proposer ce soir une playlist entièrement dédiée à la petite balle jaune avec, comme d’habitude, des morceaux tombant en plein dans le mille et quelques autres ramenés ici un peu par les cheveux, parce qu’après tout, on fait bien ce qu’on veut… Tout le plaisir de la playlist en sorte, que j’espère par vous partagé… Premier service !
1. Pierre Barouh Le tennis (1977, Viking bank)
Une vraie découverte que ce morceau pour moi qui n’avais (et n’ai encore) qu’une connaissance très lacunaire de l’œuvre de Pierre Barouh. Les doux ressacs d’une mélodie impeccable ouvrent – à partir de l’évocation de ce jeu qualifié pourtant de “dérisoire” – vers des profondeurs existentielles imposantes et vous enveloppent de leurs circonvolutions aériennes. Simplement magnifique.
2. Cream Anyone for tennis (1968, The Savage seven soundtrack)
Morceau plus anodin mais pas sans charme, où l’on peut écouter un Clapton tout de modestie sur cette mélodie folk plongée dans toute une tradition de nonsense très britannique. On pensera à du Syd Barrett aseptisé et gentillet, et on n’aura pas tort, mais la chanson se laisse écouter.
3. The Pernice Brothers The ballad of Björn Borg (2001, The world won’t end)
Où l’on retrouve ici des plaisirs bien plus vertigineux, avec la mélancolie céleste des formidables Pernice Brothers sur cet extrait de ce petit chef-d’œuvre que reste The world won’t end. Le lien entre Björn Borg et cette chanson demeure énigmatique, laissant du coup libre cours aux interprétations. On pourra y voir une sorte de métaphore qui lirait derrière la légendaire placidité de l’Iceman suédois les fêlures qui finiraient par le faire craquer pour arrêter sa carrière à 26 ans. Ou ne pas chercher le rapport et se contenter du plaisir intense d’un morceau qui donne le ton d’emblée : “Sitting on the top of everything” : de là haut, la vue est belle…
4. Dionysos Mc Enroe’s poetry (2002, Western sous la neige)
Les Dionysos m’ont toujours laissé un brin partagé et même si j’avoue ne pas les avoir suivi assidument, j’ai toujours éprouvé davantage de sympathie pour le groupe que pour sa musique. Il n’en reste pas moins que ce Mc Enroe’s poetry crève l’écran par son énergie brute et sa sauvagerie éruptive, aperçu de la puissance scénique indéniable de la troupe de Mathias Malzieu. Un fulgurant hommage à un inoubliable joueur.
5. Vincent Delerm Les jambes de Steffi Graf (2006, Les piqûres d’araignée)
Cette playlist risque de ne servir qu’à dévoiler mon ignorance puisque ma connaissance de Vincent Delerm équivaut peu ou prou à celle que j’ai de Pierre Barouh. Cela n’empêche pas d’apprécier cette valse joliment mélancolique griffonnée au piano et de nous remémorer avec l’auteur la grâce sans égale du jeu de jambes de l’Allemande.
6. Hong Kong Syndikat Concrete and clay (1986, Never too much)
Hong Kong Syndikat fait partie de ces groupes météores, dont on ne connaît qu’une chanson (deux en l’occurrence) mais qu’on apprécie sans trop savoir pourquoi. J’ai toujours eu un faible pour cette mélodie bébête, aux semelles de bohémien, qui semble esquisser quelques pas d’une danse gauche mais pourtant très touchante. Et l’occasion aussi d’évoquer en une chanson deux des surfaces de prédilection du jeu de tennis : le dur et la terre battue.
7. XTC Grass (1986, Skylarking)
Le dur, la terre battue, manque le gazon et là, on change de braquet avec ce sublime morceau de XTC. Une mélodie orientalisante, des petits oiseaux qui chantent, une ambiance bucolique et des phrases bien plus troublantes pour épicer l’atmosphère : “The way you slap my face / Just fills me with desire”. Une grande chanson tout simplement.
8. Black Rebel Motorcycle Club Fault line (2005, Howl)
On doute (enfin, on sait) que ce morceau ait quoi que ce soit à voir avec le tennis mais bon, il y a la faute, il y a la ligne, deux éléments importants de ce sport. Le sport est bien loin de cette chanson crépusculaire, au calme trompeur et sépulcral. Quoique, des paroles comme “I’ve been waitin’ on the fault line / Let the needle take me on”, pourraient sans problème évoquer des pratiques illicites des sportifs de haut niveau. On reviendra en tous cas certainement dans ces pages sur ce Howl de cendre et de goudron.
9. Louise Attaque Sans filet (2000, Comme on a dit)
Pour jouer au tennis – comme pour la pèche – il faut un filet. Louise Attaque nous propose de nous en passer sur ce titre inquiet et intense tiré de ce qui restera sans doute leur meilleur album. Un groupe qui mérite à mon sens qu’on s’y intéresse.
10. The Herbaliser Game, set and match (2008, Same at it never was)
“Jeu, set & match” : on terminera cette playlist comme se conclut toujours un match de tennis. Les vétérans londoniens de Herbaliser nous offrent ici un hip-hop en cinémascope efficace comme un service gagnant, et teinté d’une pointe d’exotisme avec ses figures de mandoline et de violons. Punchy et compact.