Wave Machines Wave if you’re really there (2009, Neapolitan Recordings)
On sera pour une fois plutôt raccord avec l’actualité musicale puisque le nouvel album de Wave Machines, Pollen, est annoncé pour ce lundi. L’occasion est donc toute trouvée d’évoquer ici le premier album de ce quatuor de Liverpool paru en 2009 et qui tourne sur ma platine (ou dans mon disque dur) depuis quelques semaines.
So rolling out my best white flags / I’ll find new ways to take my pride / My body’s in a body bag / But I’m still alive
Punk spirit
Je n’aurai tout d’abord que peu d’éléments biographiques à fournir aux curieux, tant je ne sais rien ou presque sur ce groupe. On retiendra simplement que Wave Machines s’est formé en 2007 à Liverpool et c’est à peu près tout. Quand on pense pop de Liverpool, notre œil se mouille au souvenir flamboyant des Pale Fountains, des La’s et autres Boo Radleys. Bon, d’accord, on n’oubliera pas non plus un autre fameux quatuor de Liverpool mais c’est une autre histoire. Et si Wave Machines semble encore un peu vert pour assumer cet illustre héritage – aussi maudit qu’inestimable – sa musique affiche un éclat suffisamment singulier pour leur offrir à l’évidence un strapontin au Hall of Fame liverpudlien.
Eyes as cold as the sea / Stare a thousand mile stare / Like a lock and no key / Hopeless as a prayer
I go I go I go
A vrai dire, on parierait que le groupe emmené par Tim Bruzon se moque bien des fantômes pop hantant les rives de la Mersey. Wave Machines affiche en effet une fraîcheur épatante, un fin mélange d’hédonisme et de mélancolie à base de mélodies impeccables. Sans l’arrogance brûlante des grands anciens, Wave Machines se drape de toute son humilité pour mieux faire ressortir les richesses innombrables de ses chansons. Et si ces chansons semblent jouées le regard rivé au sol, l’auditeur y trouvera de quoi rêver les yeux grands ouverts.
Under Spanish skies, we would drive on a vapour to the sea / We would watch the night, losing height, push the sun into the trees
The greatest escape we ever made
On serait bien en peine d’assigner une étiquette aux Wave Machines, tant le groupe se plaît à arpenter un vaste terrain de jeu. L’électro-pop rêveuse de l’introductif You say the stupidest things évoque les mélodies de The Notwist tandis que les guitares funky des entraînants I go I go I go ou The greatest escape we ever made en remontreraient à Phoenix. Wave Machines assortit ses mélodies d’arrangements et de gimmicks qui les collent implacablement aux tympans de l’auditeur, qui se retrouve à siffloter benoîtement du matin au soir The line ou la drôle de disco ralentie de Keep the lights on. Et quand le groupe met ses guitares en avant, il nous livre un magnifique – et ironique – Punk spirit. Ces airs légers et addictifs en viennent parfois à prendre une dimension impressionnante, comme sur le fantastique morceau-titre qui d’un seul coup décolle et se déploie avec une grâce confondante. On regrettera juste le plantage de I joined a union ou les pénibles effluves trance qui viennent noyer le terminal Dead houses, ces deux morceaux plus faibles venant inutilement abaisser le niveau d’ensemble.
On saura lundi si le groupe passe le toujours ardu virage du deuxième album.