Bonne fête mamans
A la veille de la traditionnelle Fête des mères (pour ceux qui auraient oublié), je vous propose ce soir cette playlist en forme d’hommage musical à toutes les mamans : 10 morceaux emplis de plus ou moins bons sentiments mais charriant leur lot d’émotions fortes. Bonne fête à toutes les mamans.
1. Bonnie “Prince” Billy Every mother’s son (2000, Guarapero : lost blues 2)
L’immense Will Oldham transforme ici un honnête morceau plutôt fier-à-bras de Lynyrd Skynyrd en une sorte de parabole déchirante, country-folk en lambeaux qui s’élève à n’en plus finir pour atteindre une ampleur de cathédrale. Tout bonnement époustouflant.
2. Red House Painters Mother (1993, Red House Painters [rollercoaster] )
Autre songwriter génial, autre morceau en forme de tempête émotionnelle : Mark Kozelek nous embarque pour une lente dérive panoramique de plus de treize minutes sur une mer houleuse dont la furie semble filmée au ralenti. Au cœur d’un des plus beaux disques que je connaisse, ce “Mother” de glace et de feu brille d’une fascinante lumière noire.
3. Chocolate Genius Incorporated My mom (1998, Black music)
C’est le seul titre que je connaisse de Mark Anthony Thompson, le songwriter caché derrière cet étrange pseudonyme. C’est aussi une chanson bouleversante, d’une intimité poignante, où un fils éprouvé vient déposer un tendre baiser sur le front malade d’une mère dont l’esprit s’embrume un peu plus chaque jour : “But my mom / Can’t remember my name”.
4. Alela Diane Oh ! my mama (2006, The pirate’s gospel)
Le folk sans âge d’Alela Diane se transmet de génération en génération et c’est toute sa gratitude envers ce précieux legs familial que sert la jeune femme dans un écrin d’une grande pureté. Tout simplement sublime.
5. Johnny Cash Send a picture of mother (1968, At Folsom prison)
Johnny Cash avait bien compris qu’en chaque forçat se cache le cœur d’un fils aimant. Au parloir de la prison, le personnage de la chanson demande à son ami venu lui rendre visite de lui apporter une photo de sa chère maman la prochaine fois. On peut imaginer la résonance du morceau dans le contexte de la prison de Folsom.
6. Miossec Maman (2006, L’étreinte)
Notre Breton préféré se campe ici en fils prodigue, rejeton maladroit et tendre qui se fend d’une déclaration d’amour filial sur laquelle souffle un étonnant lyrisme.
7. Fountains of Wayne Stacy’s mom (2003, Welcome interstate managers)
L’impeccable duo power-pop ranime ici le fantasme de la maman sexy, le garnement de la chanson semblant bien moins intéressé par la dénommée Stacy que par son apparemment gironde génitrice. Une autre façon de rêver la fête des mères et une belle occasion de se faire plaisir avec ce bel extrait de pop bubble-gum.
8. Kate Bush Mother stands for comfort (1985, Hounds of love)
Sur son disque le plus reconnu, l’intrigante Anglaise nous offre ce morceau enveloppant, chaud comme les bras d’une mère qui voudrait vous réconforter. Derrière ce cocon protecteur, on relèvera quand même ce zeste d’inquiétude : “Mother, hide the murderer”.
9. The Rolling Stones Mother’s little helper (1966, Aftermath)
“What a drag it is getting old” . C’est une vision beaucoup plus grinçante de la mère que nous donne ce classique absolu, empli de détachement cynique sur cette jeune femme moderne accro aux petites pilules. Rythm and blues impeccable teinté d’influences indianisantes, “Mother’s little helper” est un des innombrables classiques de Stones entrant dans leur âge d’or.
10. Smog I feel like the mother of the world (2005, A river ain’t too much to love)
Après Mark Kozelek et Will Oldham, c’est un peu le troisième sommet d’une sainte trinité personnelle qui clora cette playlist avec le magnifique Bill Callahan. Chanson pluvieuse et fertile, sur laquelle Callahan semble solder les comptes avec les zones d’ombre d’un passé qui irriguent l’ensemble de sa discographie (“When I was a boy / I used to get into it bad with my sister”), ce morceau d’orage et de cristal laisse derrière lui une belle traînée argentée, une queue de comète scintillante. Du grand art.