Célébration
Elvis Perkins Elvis Perkins in Dearland (2009, XL Recordings)
On savait qu’il serait difficile pour Elvis Perkins de surpasser les cimes d’un premier album himalayesque, cet Ash Wednesday taillant à même la matière noire d’une histoire douloureuse de quoi élever un monument d’une imposante beauté. Il nous fallait donc résister à la tentation de jauger cet Elvis Perkins in Dearland à l’aune de l’éclat éblouissant de son prédécesseur de cendre et d’or pour savoir en apprécier les éminents mérites. Heureusement, Elvis Perkins est un homme de ressources.
Notre homme continue ici de croiser dans les eaux riches en émotions fortes d’une tradition folk américaine qu’il visite dans les grandes largeurs, de la nudité désarmante de Send my fond regards to Lonelyville à la profusion instrumentale d’un Doomsday brinquebalant. Elvis Perkins in Dearland apparaît surtout comme le disque émouvant d’un homme qui avance, un disque de célébration après la tragédie, sachant accueillir la joie et les larmes dans un même mouvement. Puisque la vie continue, Elvis Perkins irrigue sa musique d’une vitalité touchante, qu’il entend partager dans le jeu avec un groupe soudé autour de lui comme une phalange rebelle.
Ce plaisir affleure ici dès le fabuleux Shampoo qui ouvre l’album et fait passer son lot de frissons dans notre échine. Ce plaisir s’écoule aussi de l’exubérance de I heard your voice in Dresden ou de la grâce fragile de Hours last stand qui viendra faire perler quelques larmes à notre œil. On ne manquera pas aussi de relever la procession hallucinée du fracassé I’ll be arriving qui vient traverser l’album comme un fantôme enchaîné brise le silence de la nuit. Même si la fin du disque nous paraît plus anecdotique (123 goodbyes ou How’s forever been baby), Elvis Perkins réussit à tracer son chemin de façon admirable, refusant de ployer sous le poids de son lourd passé pour y puiser un carburant pour l’existence. Plus qu’un beau geste musical, un beau geste d’homme.
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[…] Perkins a fait paraître en 2009 un deuxième album, Elvis Perkins in Dearland qui, malgré quelques (très) bons moments, ne parviendra pas à se hisser au même niveau que ce […]