L’éclat doré des néons tristes
The Notwist Neon golden (2002, City Slang / Labels)
Originaire de Weilheim, petite ville de Bavière, The Notwist fut d’abord un groupe à guitares, alignant trois albums décrits ici ou là comme punk – voire proches du metal – entre 1990 et 1995. Avec l’arrivée en son sein du programmeur Martin Gretschmann, le groupe se stabilise sous la forme d’un quatuor et va donner une nouvelle inflexion à sa formule musicale. The Notwist fait désormais une large place aux sonorités électro et s’éloigne nettement des rivages du rock à guitares pour s’ouvrir sur d’autres influences. L’évolution du son du groupe se concrétise avec la parution de Shrink en 1998 et Neon golden s’inscrit pleinement dans cette continuité.
Avec ce disque, le groupe impose une formule résolument électro-pop et d’une singularité remarquable. Mêlant mélodies pop, entrelacs savants de rythmiques et textures électroniques, The Notwist crée une atmosphère profondément mélancolique, les morceaux baignant dans des ambiances bleu orangées, les néons du titre éclairant sans réchauffer les rues d’une ville solitaire. Le groupe réussit à allier un côté résolument expérimental à une science avérée de la mélodie accrocheuse, pondant son lot de chansons imparables, pouvant revendiquer l’influence du meilleur New Order (voire d’un Garbage plus émotionnel que professionnel) comme de l’electronica avant-gardiste. The Notwist évoque ainsi les grands passeurs que sont Radiohead (qui se déclarera très fan du groupe) ou Björk pour cette façon de combiner recherche musicale audacieuse et sens de la pop-music. Le groupe ne parviendra cependant pas à décrocher le même engouement populaire que le combo d’Oxford ou l’insoumise de Reykjavik.
L’album brille d’une cohérence impressionnante et présente un minimum de temps faibles le long des treize titres qui le composent. De la fragilité pluvieuse de l’introductif One step inside doesn’t mean you understand à la mélancolie somptueuse du formidable Consequence, The Notwist aligne les morceaux de choix. Le timbre voilé de Markus Acher renforce le charme de l’ensemble et colle parfaitement à ces textes traitant de solitude (Solitaire) ou d’enfermement (This room), exprimant clairement l’inadaptation au monde et la tristesse qui en découle. Pourtant, en véritable adepte du charme mortifère de la pop-music (mélodies légères pour sentiments plombés), The Notwist livre quelques pépites qu’on aurait aimé entendre sur toutes les radios, tels le presque dansant Pilot ou le génial One with the freaks et ses guitares brûlantes grattées à même le nerf.
Neon golden ne rencontrera qu’un maigre écho public mais séduira la critique. L’influence du groupe grandira au fil des années, ses différents membres multipliant par ailleurs les aventures parallèles, de Console à Ms John Soda en passant par Lali Puna. Il faudra six ans à notre quartet bavarois pour donner un successeur à ce disque unique en son genre, avec la parution de The devil, you+me en 2008. Le groupe a composé la BO du film Storm en 2009.