Après le dégel
Kings of Convenience Declaration of dependence (2009, Virgin/EMI)
Si j’ai choisi de remettre hier à l’honneur le premier album des Kings of Convenience, c’est tout bonnement parce que je suis actuellement plongé dans leur dernier opus en date, ce Declaration of dependence paru l’an dernier. Je croyais comme beaucoup le duo disparu, les deux compères ayant chacun mené sa barque depuis leur dernier effort commun, ce Riot on an empty street paru en 2004 à côté duquel je suis d’ailleurs complètement passé. On retrouva ainsi Erlend Oye aux commandes de The Whitest Boy Alive tandis qu’Erik Glambek Boe s’impliquait de son côté dans un projet intitulé Kommode. La séparation artistique semblait pleinement actée même si les deux amis continuaient de se donner réciproquement nouvelles et encouragements. Et puis, à l’occasion d’une fête au Mexique chez un ami commun, le duo décida de reprendre son aventure musicale là où il l’avait laissée.
C’est bien cette impression de continuité qui frappe à l’écoute des treize morceaux de ce très bel album. Les Kings of Convenience ressortent en effet la recette qui fonctionnait si bien à l’époque de Quiet is the new loud et font à nouveau mouche. Le groupe livre ainsi un folk intimiste construit essentiellement autour de fins arpèges de guitare acoustique, parfois tendrement accompagnés d’un trait de violon ou de quelques gouttes de piano – et aucune percussion ne vient troubler l’ensemble. Les voix des deux garçons s’entremêlent à merveille et se répondent en harmonies suaves, évoquant une fois encore Simon & Garfunkel. Kings of Convenience continue également de cultiver son tropisme tropical, rehaussant les couleurs de son folk tranquille des tons chauds de la bossa-nova. Les chansons du groupe gagnent ainsi en épaisseur et une vie vibrionnante semble s’agiter sous leur apparente quiétude, comme un dégel libérant peu à peu la vitalité de la nature de l’engourdissement de l’hiver.
Parmi les bons moments de cet album qui n’en manque pas, on mentionnera en premier lieu les déhanchement subtils du superbe Mrs Cold, dont les (très belles) paroles rehaussent encore le charme captivant. Les Kings of Convenience séduisent particulièrement quand leur petite musique cherche à nous entraîner dans des danses fugitives, comme sur Peacetime resistance, l’ étonnamment politique Rule my world ou ce Boat behind qui semble célébrer les retrouvailles entre les deux compères: « So we meet again / After several years / Several years of separation ». Le groupe sait aussi fasciner par de troublants à-plats, comme sur le 24-25, le magistral et désolé Riot on an empty street ou le sublime et conclusif Scars on land, qui évoque sans rougir les paysages sépia des merveilleux Red House Painters.
Au final, après plusieurs écoutes, j’en viens même à considérer ce disque comme un cran au-dessus de son illustre prédécesseur de 2001, l’acclamé Quiet is the new loud. Sur l’introductif 24-25, on retrouve cette phrase: « What we built is bigger than the sum of two », on ne trouvera pas meilleure conclusion à cette chronique…
A retrouver ci-dessous une version de Mrs Cold jouée pour les sessions acoustiques du Cargo:
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