School of Seven Bells Alpinisms (2009, Ghostly)
Voici un disque qui me laisse quelque peu partagé, un album qui n’emporte pas la décision sans coup férir et auquel je pourrais bien me frotter encore quelques temps sans en avoir fait le tour. Ce trio américain, composé de Ben Curtis, ex-Secret Machines (pour ceux qui connaîtraient) , et des jumelles Claudia et Alejandra Deheza semble en tous cas s’être déjà bâti une certaine réputation si j’en crois les critiques très positives que j’ai pu lire ici ou là.
Qu’en est-il alors de cet Alpinisms? Les School of Seven Bells, tirant leur nom d’un gang de pickpockets colombiens recrutant essentiellement des jeunes enfants, délivrent une drôle d’électro-pop, convoquant les mânes du shoegazing de la fin des années 1980. Le groupe joue d’atmosphères vaporeuses, Curtis élaborant les fondations autour desquelles les deux sœurs placent leurs harmonies vocales éthérées. Le résultat évoque un My Bloody Valentine sans l’incandescence ou les Cocteau Twins après une cure de rave. Le groupe ne se limite cependant pas à cette sphère d’influences, traçant à l’occasion de jolies lignes de fuite vers les musiques orientales et africaines.
Parmi les réussites incontestables du disque, on classera sans hésiter l’élévation de Face to face on high places, l’hypnotique Wired for light ou le précieux For Kalaja Mari. On s’inclinera surtout devant la grâce constellée de Half asleep ou Connjur, deux magnifiques fuites pop sculptées dans les embruns. Mention aussi au terminal My cabal qui nous emporte à l’unisson dans une drôle de lumière blanche. Le groupe touche cependant ses limites quand sa dream-pop confine un peu trop au vaporeux, pouvant du coup provoquer de drôles de migraines chez l’auditeur qui ne serait pas dans l’humeur adéquate. On pense notamment à l’éprouvant Sempiternal/amaranth placé au mitan du disque et dont les dix minutes s’avèrent assez peu digestes.
S’ils ne décrocheront peut-être pas le titre de révélation de l’année, les School of Seven Bells auront su livrer un album intriguant, drôle de labyrinthe dans lequel il arrive qu’on se perde un peu mais qu’on aime à emprunter encore tant on ne sait jamais vraiment si on en connaît bien tous les recoins.