Les grands ducs
Franz Ferdinand Franz Ferdinand (2004, Domino)
Alors que vient de sortir leur troisième opus Tonight, j’ai eu envie ce soir de revenir sur le premier album de ce quatuor écossais, disque qui leur permit de débouler alors avec fracas sur le devant de la scène et de consacrer accessoirement ce « retour du rock » qu’avaient initié avant eux les Strokes et autres White Stripes.
Avec leurs belles gueules de gravures de mode, leurs références arty savamment distillées et leurs prestations scéniques explosives, le groupe fût rapidement adoubé avec force louanges par la critique rock. J’avoue d’ailleurs que cet excès d’enthousiasme au regard des qualités (pourtant réelles) de l’album m’avait quelque peu agacé, et l’écoute d’un deuxième opus poussif m’avait même fortement refroidi à l’égard du combo.
A la réécoute, l’oreille reposée, l’efficacité diabolique de ce premier jet discographique apparaît pourtant dans toute son évidence. Sans être révolutionnaire, Franz Ferdinand distille son philtre euphorisant sans relâche et s’attaque décidé à nos jambes plutôt qu’à nos têtes. Guitares incisives, rythmiques entraînantes, mélodies uppercut, le groupe enquille les tubes pied au plancher, sans jamais ralentir le tempo ni relâcher son étreinte, malgré quelques crachotis par-ci par-là (Cheating on you ou Michael ).
L’album démarre calmement avec l’introduction délicate de Jacqueline avant que les guitares ne viennent faire souffler une incroyable tempête furieuse sur l’auditeur. Tell her tonight vient ensuite ranimer le fantôme des Talking Heads, mélangeant funk et rock dans un vibrant mélange. Le groupe pose ensuite la bombe Take me out, single toujours aussi redoutable cinq ans après et enchaîne ensuite loopings et virevoltes avec une fraîcheur roborative: on accordera une mention spéciale à l’emballant The dark of the matinee, au fiévreux This fire ou à l’inquiétant Auf achse ( et ses paroles très ambiguës « She’s not so special so / Look what you’ve done boy » ).
Après des débuts aussi explosifs, le groupe allait se prendre méchamment les pieds dans le tapis du deuxième album. J’avoue que leur dernier opus ne trône pas au sommet de ma liste d’albums à écouter mais je ne manquerais pas d’y jeter une oreille si j’en ai l’occasion. Au pire, le groupe nous aura gratifié d’un premier essai fort agréable, tant pis si leur réussite ne devait être qu’unique.
1 réponse
[…] encore à chaque écoute. Si j’ai – comme beaucoup- fort apprécié ce Franz Ferdinand rempli de tubes jusqu’à la gueule, la suite allait me laisser davantage perplexe et You […]