Pop en stock
The Shins Wincing the night away (2007, Sub Pop)
Comme ni mon temps ni mes ressources ne me permettent une couverture exhaustive des sorties musicales (très loin de là d’ailleurs) et que j’aime à me laisser guider par les hasards heureux (ou malheureux) de la découverte, j’étais jusque là passé à côté des Shins, n’en ayant entendu parler que récemment. Il faut dire que le groupe ne saurait prétendre dans nos contrées à une cote de popularité comparable à celle qu’il a atteint aux USA; il semble cependant pouvoir compter sur une base solide de fans dévoués et sur un engouement critique certain.
Les Shins sont originaires d’Albuquerque, Nouveau-Mexique, comme Beirut, mais leur musique n’a rien de commun avec celle de Zach Condon. Le groupe se forme en 1997 autour de James Mercer et va peu à peu, par un travail de longue haleine, conquérir une audience sans cesse grandissante. Cet élargissement progressif de son cercle de notoriété va passer par deux premiers albums, Oh inverted world (2001) et Chutes too narrow (2003) et aussi par d’innombrables concerts donnés sur tout le territoire américain. En 2004, le réalisateur Zach Braff utilise plusieurs chansons du groupe pour la BO de son film Garden state, le personnage interprété par Natalie Portman allant jusqu’à recommander la chanson New slang au personnage de Zach Braff en ces termes: « Cette chanson va changer ta vie! ». Le groupe accède alors à un nouvel échelon de notoriété que ce troisième album paru début 2007 va confirmer avec ses 100000 exemplaires vendus très rapidement aux USA.
Côté musique, les Shins font partie de ces groupes qui continuent de porter haut la flamme de la pop, héritiers de tous ces groupes s’astreignant à la quête de la mélodie parfaite, n’ayant comme arme que leur incurable romantisme, leurs instruments et leurs chansons. On pense ainsi aux Pernice Brothers, à XTC, aux Trash Can Sinatras car on retrouve chez les Shins ce goût pour les mélodies ligne claire, les harmonies fleuries, ce doux mélange de mélancolie et d’euphorie qui fait les meilleurs titres pop. Avec les Shins, l’auditeur ne pourra s’empêcher de reprendre les refrains en chœur, de les siffler sous la douche et de se laisser emporter par ces chansons à la fois subtiles et fédératrices. Impossible ainsi de résister au génial Australia, avec cet irrésistible banjo qui s’invite dans la danse après 1’54 mais aussi avec ses paroles bien plus ambiguës qu’elles ne paraissent: « So give me your hand / And let’s jump out the window ». L’amateur de pop ne pourra qu’apprécier également les excellents Phantom limb et Turn on me. Cependant, le groupe sait aussi instiller dans ses morceaux de subtils dérèglements, de fins soubresauts qui viennent troubler quelque peu le bel ordonnancement de l’ensemble, mettre du désordre dans un intérieur qu’on croyait bien rangé. L’envolée électrique du remarquable Sleeping lessons m’évoque ainsi quelques bons moments de Pavement tandis que Sealegs ou Spilt needles surprennent par leurs tonalités synthétiques. L’album se clôt avec le magnifique et fragile A comet appears, chanson qu’on écoutera volontiers les yeux vers le ciel, en guettant comètes et étoiles filantes, contemplant la voie lactée bercé par les fins traits de steel guitar.
Les Shins rejoignent ainsi la nombreuse cohorte des groupes amis avec leurs chansons seyant tant aux jours de pluie qu’aux matins de printemps. On attend les prochains épisodes.
Pas de réponses
[…] et estime critique. Nous avons donc d’un côté James Mercer – leader des remarquables Shins – et de l’autre Brian Burton, plus connu sous le nom de Danger Mouse, musicien et […]