Grande année s’il en est, 1985 a vu naître une bonne demie-douzaine d’albums majeurs qui se classent à bonne hauteur dans mon Panthéon personnel. Entre confirmations (The Smiths, The Pale Fountains) et révélations (The Jesus & Mary Chain, The Verlaines ou The Apartments), renaissances (The Cure) et redécouvertes (The Velvet Underground), 1985 offre son lot d’émotions fortes aux origines essentiellement anglo-saxonnes. Si la Grande-Bretagne demeure majoritaire, les États-Unis conservent un strapontin et les groupes des Antipodes (Australie et Nouvelle-Zélande) confirment une singularité toujours vive. De Nick Cave aux Pogues en passant par Kate Bush ou The Wake, le banc des remplaçants a aussi fière allure et mérite pour cela une brève citation.
Plus inquiet même si moins brillant que ses deux prédécesseurs, ce 3e LP de R.E.M. à l'intranquillité maladive marque la transition entre les teintes 100% indé des débuts et le succès qui conduira le groupe à bientôt remplir les stades.
Avec ce disque résolument "bigger than life", tempétueux en diable et vibrant de tous ses nerfs, Mike Scott nous emporte sur les flots enfiévrés d'une "big music" qui n'aura jamais aussi bien porté son nom. Ou comment allier la grandeur et la beauté.
De pures gemmes pop jouées sur des guitares électriques torturées et saturées : les frères Reid poussent la formule à son paroxysme, annoncent la scène shoegaze à venir et laissent derrière eux de magnifiques chansons comètes, tendres et brûlantes à la fois.
Laissant derrière lui le bruit et la fureur de sa trilogie dantesque du début de la décennie, Robert Smith réinvente The Cure en groupe pop majuscule, pondant quelques classiques instantanés et parant ses idées noires de teintes colorées.
Un poil moins crucial que Pacific street, ce second album continue pourtant à faire briller bien haut le talent hors normes du groupe de Liverpool avec des chansons pleines de sève et de feu, à la sublime innocence.
Venus tout droit de Nouvelle-Zélande, les Verlaines ouvrent véritablement leurs chansons à quatre vent, emmènent le Velvet jouer dans la lande au milieu des moutons sous un ciel d'orage et c'est magnifique.
Plus tranchant que son prédécesseur, Meat is murder, outre qu'il affiche clairement les préférences alimentaires de Morrissey, démontre s'il le fallait encore à quel point la pop des Smiths savait elle aussi, "découper le monde à coup de rasoir" comme le disait Manset.
Tour à tour déchirantes et lumineuses, rêveuses et aériennes, les chansons en or massif de Paddy McAloon brillent de tout leur éclat, protégées qui plus est des ravages du temps par la patine de la production de Thomas Dolby. Plus les années passent, plus ce disque m'est cher.
Recueil d'inédits des années MGM du mythique groupe new-yorkais, VU confirme à chaque écoute l'absolue modernité des chansons du plus grand groupe de rock du monde. Écoutez simplement Foggy notion et vous comprendrez.
C'est d'un Australien solitaire féru de Scott Walker, de Dusty Springfield et de Romy Schneider que nous vient LE disque de cette grande année musicale : un album d'une intensité inouïe, à la beauté crépusculaire qui nous laisse encore haletant à chaque écoute.