4/250. Tonight we fly

Tonight we fly de The Divine Comedy, sur l’album Promenade (1994, Setanta / Virgin)

Ce n’est pas tous les jours que vous pourrez admirer une chanson ailée. Au moins, celle-ci annonce la couleur dès son titre. Neil Hannon, le génial Irlandais officiant sous ce dantesque pseudonyme, nous lançait ici en 1994 une invitation au décollage à laquelle je n’ai jamais regretté d’avoir cédée. Car avec son rythme de cavalerie et son staccato de violon débridé, Tonight we fly offre à chaque écoute un merveilleux vertige ascensionnel dans une parfaite alchimie de la forme et du fond.

Tonight we fly vous emmènera bien au-dessus du sol pour vous transporter haut au-dessus de la ville, des rues, des lumières et des chiens qui aboieront en voyant filer votre ombre. Là où tant d’autres moins brillants auraient ployé sous la richesse de l’instrumentation, Hannon réussit le tour de force de doter sa chanson d’une des plus belles paires de semelles de vent qu’on ait eu l’occasion d’admirer. L’entrelacs des voix dédoublées dresse sous les protagonistes du morceau un merveilleux coussin d’air et rares sont les chansons à dégager un tel sentiment de plénitude, comme si l’auditeur envolé percevait tout plus nettement.

Placée en conclusion de l’album Promenade, Tonight we fly est un final bouleversant qui peut aussi bien évoquer l’élévation euphorique du bonheur amoureux qu’une allégorie de la mort. Et en nous intimant de profiter des joies que peut nous offrir la seule vie qu’on vivra, Neil Hannon retranscrit l’espace de quelques minutes l’essence même de ce que peut représenter la musique : un moment d’absolu arraché au temps qui passe. Au fil des années, Tonight we fly est devenu un incontournable des concerts de The Divine Comedy, secret partagé avec bonheur par les admirateurs et admiratrices de l’Irlandais, heureux pour un instant d’aller toucher les nuages.

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