L’enfant de l’espace

Grandaddy The sophtware slump (2000, V2)

Grandaddy - The sophtware slump

Grandaddy se forme au début des années 1990 autour du cerveau fragile et génial de Jason Lytle. Le groupe cherche un certain temps la bonne formule avant de finalement produire un premier album en 1997, Under the western freeway, remarqué notamment par la grâce de l’épatant AM 180. Trois ans plus tard, ce combo californien (en provenance de Modesto – « une sale ville, tant pour l’esprit que pour le corps » dixit Lytle) s’affirme encore davantage avec ce formidable Sophtware slump.

Au verso du livret intérieur, on voit un cowboy seul, tout de blanc vêtu, un clavier sous le bras et en train de regarder vers la lune brillant dans la nuit noire. Cette photo résume à elle seule la musique du groupe: ses influences folk, sa fascination rétro-futuriste pour l’espace, son goût pour les claviers et les envolées planantes. Grandaddy se situe en effet à un drôle de carrefour, à l’improbable point de jonction entre Neil Young pour les mélodies déchirantes, Pink Floyd pour les odyssées au long cours en mode intergalactique, Pavement pour la façon de présenter des chefs-d’œuvre pop dans un écrin rouillé et une certaine électro-pop à la ELO. Par-dessus tout cela vient se poser la voix d’enfant blessé de Jason Lytle, chantant avec cette innocence bouleversante des paroles d’une tristesse profonde.

Grandaddy pose d’entrée le grand œuvre du disque avec l’extraordinaire odyssée He’s simple, he’s dumb, he’s the pilot, sorte de Space oddity du nouveau siècle, la modestie et la mélancolie venant remplacer la flamboyance grandiose du classique de Bowie. Après ces huit minutes époustouflantes, le groupe ne s’essouffle pas pour autant et aligne une poignée de morceaux remarquables, de la bouleversante complainte Jed the humanoid au tourbillon stellaire de The crystal lake. En fin de disque, Lytle vient déposer deux merveilles en apesanteur, Miner at the dial-a-view qui évoque le somptueux Clouds across the moon du Rah Band et So you’ll aim toward the sky, véritable rêve éveillé en provenance des sphères célestes.

En 2003, Grandaddy allait à mon sens progresser encore d’un niveau avec l’exceptionnel Sumday. S’ensuivra un dernier album, Just like the fambly cat, que je ne connais pas, mais qui marquera l’implosion du groupe miné par la déprime pesante de Lytle. Ce dernier nous est revenu cette année avec un premier disque solo, Yours truly, the commuter.

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