6/250. Sign up maybe for being

Sign up maybe for being de Richard Davies, sur l’album There’s never been a crowd like this (1996, Flydaddy)

L’Australien Richard Davies a traversé le ciel des années 1990 tel une comète, que malheureusement bien peu d’entre nous semblent avoir eu la chance de contempler. D’abord avec les Moles, puis en duo avec le génial Eric Matthews (qu’on retrouvera aussi dans cette sélection) le temps du splendide premier album de Cardinal, le bonhomme livra en solo trois albums entre 1996 et 2000, dont au moins deux méritent toutes les louanges, malgré un succès public presque nul.

Deuxième morceau de There’s never been a crowd like this, coup de maître de premier album, Sign up maybe for being condense toutes les (immenses) qualités de la musique de l’Australien. Avec une économie de moyens imposée par des possibilités budgétaires réduites, Richard Davies parvient pourtant à bâtir une chanson grandiose, symphonie de poche sidérante de beauté panoramique. Le jeune homme a bien retenu les leçons du maître Brian Wilson avec ce morceau en ascension perpétuelle, haricot magique merveilleux qui ne cesse de pousser vers les cieux. Bâti sur une suite d’accords grattés à même le nerf d’une guitare acoustique, Sign up maybe for being s’élève et se déploie en une construction luxuriante, entre voix dédoublées, batterie discrète et trompette rêveuse. Elle révèle l’art du bonhomme pour les fausses pistes et les changements de direction, avec ces ponts instrumentaux inattendus qui surgissent comme des paliers au fil de la trajectoire ascensionnelle de la chanson. La voix de Richard Davies, qui paraît presque ébahi par la beauté qui l’entoure, ajoute encore au charme de l’ensemble.

Sign up maybe for being émane une forme de joie bouleversante, une intensité sur le fil en équilibre instable et miraculeux, loin de la sérénité du bonheur. Cette intranquillité vibratile nous touche droit au cœur, tant elle semble faire frémir jusqu’à l’atmosphère qui l’entoure. Do you see the colour of my dream ? chante Richard Davies dès le début du morceau et rarement phrase d’accroche aura autant reflété la richesse d’une palette. D’après son auteur, les paroles évoquent le souvenir décevant d’une tournée avec les Flaming Lips. J’avoue n’y entendre qu’une poésie cryptique, aux fulgurances oniriques collant à merveille avec l’atmosphère générale de l’ensemble (They let me hear their reveries for free). Sign up maybe for being est quoi qu’il en soit, un formidable générateur d’images mentales, un précieux support à rêveries dont je ne suis pas près de me lasser. Il n’est pas impossible qu’on retrouve Richard Davies dans cette sélection.

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